La Maison-Blanche a sévèrement réprimandé la diplomatie norvégienne en 2009 quand elle a appris que le prix Nobel de la paix avait été attribué à Barack Obama, a révélé jeudi un diplomate norvégien.

«Ma journée la plus embarrassante à l'ONU, du temps où j'y étais ambassadeur de Norvège, est celle où le Nobel au président américain Barack Obama a été annoncé», a affirmé Morten Wetland, représentant du pays scandinave aux Nations unies entre 2008 et 2012. «Personne n'en parlait».

«Mon collègue à Washington a reçu une verte semonce de la part du secrétaire général d'Obama (Rahm Emmanuel à l'époque, NDLR). Le mot "fawning" (adulation soumise) a été prononcé», a-t-il ajouté dans un billet paru dans le journal Dagens Naeringsliv.

Le Nobel avait été décerné à la surprise générale au premier président noir des États-Unis le 9 octobre 2009 «pour ses efforts extraordinaires en faveur du renforcement de la diplomatie et de la coopération internationales entre les peuples».

Cette annonce survenait alors même que M. Obama était en poste depuis moins d'un an et que son pays était engagé dans deux conflits, en Irak et en Afghanistan.

L'ambassadeur de Norvège à Washington d'alors, Wegger Stroemmen, n'a pu être joint pour un commentaire.

Interrogé par DN, M. Wetland a expliqué que le Nobel avait placé M. Obama dans une position inconfortable.

«Un président américain préfère définir son propre ordre du jour», a-t-il dit.

«Là, on lui a conféré un rôle qu'il n'avait pas demandé (...) On pourrait croire que quelqu'un a fait cela afin d'avoir une visite de Barack Obama dans son pays», a-t-il ajouté.

Ses déclarations s'inscrivent dans un débat récurrent sur l'indépendance et la composition du comité Nobel, dont les cinq membres sont désignés par le Parlement norvégien, mais qui prennent leurs décisions en toute autonomie.

Leurs choix sont toutefois parfois assimilés à la politique étrangère du royaume. Après l'attribution du Nobel au dissident Liu Xiaobo en 2010, la Chine a ainsi gelé toutes ses relations de haut niveau avec la Norvège, malgré les récriminations de cette dernière.

Plusieurs voix, dont celle de M. Wetland, se prononcent en faveur de l'ouverture du comité Nobel à des personnalités étrangères afin d'élargir ses horizons et de souligner son image d'indépendance.