L'ancienne stagiaire de la Maison-Blanche Monica Lewinsky, avec laquelle Bill Clinton a reconnu en 1998 avoir eu une «relation inconvenante», sort de son silence dans Vanity Fair au risque d'interférer avec une éventuelle campagne d'Hillary Clinton pour la présidentielle de 2016.

Monica Lewinsky explique qu'elle était ces dernières années restée «recluse», refusant toutes les sollicitations de la presse, craignant en particulier «de +devenir un problème+ si (Hillary Clinton) lançait sa campagne» pour l'élection présidentielle de 2016.

«Mais est-ce que je devais mettre ma vie encore entre parenthèses pour encore 8 à 10 ans ? «, ajoute-elle dans un long texte publié dans le magazine, où elle se revendique démocrate.

Elle se défend d'écrire un texte «contre les Clinton». «Je ne leur veux pas de mal. (...) Ce qui m'est arrivé et la question de mon avenir ne concernent aucun d'entre eux».

«Il est temps de tourner la page», affirme Monica Lewinsky qui affiche son envie de se «réapproprier (son) histoire et donner un sens à (son) passé».

«Je regrette profondément ce qui est arrivé entre le président Clinton et moi», martèle-t-elle.

Au terme de cette affaire, le président américain Bill Clinton avait été contraint d'admettre, en août 1998, devant un grand jury qu'il avait eu une «relation inconvenante» avec une jeune stagiaire, Monica, à la Maison-Blanche.

Après plus d'une dizaine d'années de silence, l'ancienne stagiaire désormais âgée de 40 ans explique qu'elle a été tellement silencieuse que «la rumeur dans certains cercles devenait que les Clinton avaient dû me payer». Or «rien n'est plus éloigné de la vérité», affirme-t-elle.

Il est temps d'arrêter «de marcher sur la pointe des pieds autour de mon passé --et de l'avenir d'autres gens. Je suis déterminée à écrire une fin différente à mon histoire», ajoute la jeune femme, qui se plaint d'être citée en permanence par les médias sur des sujets aussi variés que la série «Scandale» ou la vie sentimentale du président français François Hollande.

«Timbrée narcissique»

«C'est vrai, mon chef a profité de moi, mais je resterai toujours ferme sur ce point: il s'agissait d'une relation consensuelle», souligne la jeune femme. «Toute cette notion de maltraitance est venue après, quand je suis devenue bouc émissaire pour protéger (la) puissante position» de Bill Clinton.

À propos d'Hillary Clinton, qui l'aurait qualifiée de «timbrée narcissique», dans ses confidences à son amie professeure de sciences politiques Diane Blair, Monica Lewinsky assure que si c'est «la pire chose qu'(Hillary) ait dite» sur elle, elle a «beaucoup de chance».

Après le scandale à la fin des années 1990, Mme Lewinsky assure qu'elle a «refusé des offres (d'emploi) qui auraient pu lui faire gagner plus de 10 millions de dollars par an, parce que ça ne semblait pas être la bonne chose à faire».

Elle a alors déménagé à Londres, où elle a passé un diplôme en psychologie sociale à la London School of Economics, puis à Los Angeles, New York et Portland (Oregon, nord-ouest). Elle a postulé à divers emplois dans la communication et le marketing, mais «en raison de ce que les employeurs qualifiaient avec tact de mon "histoire", je n'étais jamais la "bonne personne" pour le poste».

Ma souffrance «a pris une autre signification» après le suicide en septembre 2010 d'un étudiant homosexuel, Tyler Clementi, à l'université de Rutgers (New Jersey, est), qui avait été espionné par celui qui partageait sa chambre. «Peut-être qu'en partageant mon histoire, je me suis dit, je suis capable d'aider les autres dans leurs moments les plus noirs d'humiliation».

L'ancienne stagiaire de la Maison-Blanche estime avoir été en 1998 «non seulement la personne la plus humiliée au monde», mais «sans doute la première personne dont l'humiliation mondiale a été propagée par internet».

Son objectif, assure-t-elle, est désormais de s'impliquer dans la défense «de victimes d'humiliations et de harcèlement en ligne et de commencer à parler de ce sujet dans des forums publics».

Photo Archives Reuters

En août 1998, le président américain Bill Clinton avait été contraint d'admettre devant un grand jury qu'il avait eu une «relation inconvenante» avec Monica Lewinsky à la Maison-Blanche.