La Cour suprême des États-Unis a confirmé lundi le droit de réciter des prières en début de conseil municipal, qu'elle juge «conforme à l'héritage et à la tradition du pays».

Profondément divisée selon un clivage politique très marqué, la plus haute juridiction du pays a refusé de mettre fin à la tradition américaine qui autorise, «depuis les premiers jours de cette Nation», les incantations ou les prières aussi bien dans une petite assemblée locale que dans les hémicycles du Congrès.

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Elle confirme une «pratique acceptée par les pères fondateurs» de la Constitution américaine, estimant que «l'histoire et la tradition du pays» montrent que les prières peuvent «cohabiter avec les principes de liberté de religion», selon la décision rendue lundi.

À Greece, une ville de 96 000 âmes dans l'État de New York, le clergé local est invité à dire une prière tous les mois, au début de chaque conseil municipal. Pendant huit ans, ces prières étaient exclusivement chrétiennes.

Mais deux habitantes - une athée et une juive - avaient porté l'affaire devant la Cour suprême, estimant que cette pratique était inconstitutionnelle devant une assemblée législative, en particulier pour son prosélytisme chrétien.

Les cinq juges conservateurs de la haute Cour - tous catholiques - n'ont pas trouvé leurs arguments «convaincants», tandis que les quatre progressistes - trois juifs et une catholique - ont voté pour l'interdiction de ces prières.

À l'audience de novembre 2013, la ville de Greece, soutenue par le gouvernement américain, estimait que l'histoire montrait qu'il n'y avait «pas d'impact» sur la Constitution.

«Il n'y a aucune indication que la possibilité de prier ait été exploitée en vue d'un (quelconque) prosélytisme ou d'arguments favorisant une foi ou une croyance» plutôt qu'une autre, ont en outre conclu les cinq juges conservateurs.

Si «les prières invoquent le nom de Jésus, elles invoquent aussi des thèmes universels comme "l'esprit de coopération"» et aucune d'entre «ne dénigre, ne fait du prosélytisme ou ne trahit un principe du gouvernement», ajoute la décision, rédigée et lue par le juge Anthony Kennedy.

En conséquence, la majorité a estimé que ces prières ne violaient pas le premier Amendement de la Constitution, qui stipule que «le Congrès ne fera aucune loi pour conférer un statut institutionnel à une religion».