Dans la foulée de l'exécution ratée de Clayton Lockett en Oklahoma, le président américain Barack Obama demandera au procureur général d'analyser les problèmes entourant la peine de mort aux États-Unis.

Il s'agissait des premiers commentaires publics du président sur le cas qu'il a qualifié de «profondément troublant» du meurtrier Clayton Lockett, condamné à mort. M. Obama, un ancien professeur de droit constitutionnel, a exprimé des émotions contradictoires sur la peine de mort et a affirmé que les Américains devaient se poser de sérieuses questions sur le sujet.

Bien qu'il considère que la peine de mort est parfois justifiée, notamment dans les cas de tueries ou de meurtres d'enfants, son application aux États-Unis est problématique, a-t-il dit, en raison d'évidents préjugés raciaux ou de l'éventuelle exonération de certains condamnés.

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Tous ces éléments soulèvent d'importantes questions sur la peine de mort, et la situation en Oklahoma ne fait que mettre en lumière des problèmes existants, a-t-il répondu lorsque questionné à ce sujet, en conférence de presse à la Maison-Blanche en présence de la chancelière allemande Angela Merkel, en visite aux États-Unis.

Mardi, Clayton Lockett a souffert durant près de 45 minutes avant de mourir. Le cocktail de médicament qui lui a été injecté n'avait jamais été utilisé auparavant en Oklahoma. Lockett convulsait violemment durant l'exécution, il a même levé la tête après que le médecin l'eut déclaré inconscient. Il est mort d'une crise cardiaque après 43 minutes.

En janvier, un cas semblable s'était produit en Ohio, lors de l'exécution de Dennis McGuire, à qui l'on avait également injecté un ensemble de substances prétendument non testé.

«Ce qui s'est passé en Oklahoma est profondément troublant», a déclaré M. Obama, lorsqu'un journaliste l'a questionné sur les critiques qui ont fusé de l'international après le cas de Lockett. Il a ajouté qu'il mandaterait le procureur général Eric Holder et d'autres pour lui fournir une analyse du protocole suivi dans l'application de la peine de mort.

Le département de la Justice a indiqué que son évaluation porterait davantage sur comment se passent les exécutions que sur les questions raciales et les erreurs judiciaires.

«Le département mène présentement une évaluation du protocole fédéral suivi par le Bureau des prisons, et a parallèlement un moratoire en place sur les exécutions fédérales. Sur les ordres du président, le département élargira son évaluation pour qu'elle inclue les protocoles d'États et les questions politiques qui en découlent», a affirmé le département, vendredi par voie de communiqué.

Selon un porte-parole de l'ONU, l'exécution prolongée de Clayton Lockett pourrait être considérée comme un traitement cruel, inhumain et dégradant au regard du droit international.

Le cas de Lockett a provoqué la suspension de l'exécution d'un autre condamné, Charles Warner, prévue deux heures après celle de Lockett. Le soutien du public à la peine de mort est à son plus bas aux États-Unis depuis 1972: 60% des Américains se sont dits en faveur de son application pour les meurtriers. Ce taux était à 80% en 1994 et il décline graduellement depuis, selon la firme de sondage Gallup.