Les républicains du Congrès américain ont dénoncé jeudi le manque de transparence de l'administration de Barack Obama dans l'affaire de l'attentat de 2012 contre la mission diplomatique américaine de Benghazi, en Libye, allant jusqu'à évoquer l'ère Nixon.

La Maison-Blanche a rejeté ces accusations, jugeant qu'elles relevaient de l'exploitation d'une «tragédie» pour des raisons politiciennes.

Un courrier électronique émanant de Ben Rhodes, membre du cabinet de sécurité nationale, et publié mercredi par une organisation conservatrice, Judicial Watch, a déclenché la dernière controverse concernant la communication de l'exécutif américain dans les jours ayant suivi l'attentat du 11 septembre 2012, qui a coûté la vie à l'ambassadeur en Libye et trois autres Américains.

Dans ce message daté du 14 septembre 2012, M. Rhodes énonce les objectifs de l'intervention de Susan Rice, alors ambassadrice à l'ONU, dans plusieurs émissions de télévision prévues le 15 septembre sur les grandes chaînes américaines. Parmi eux : «Souligner que ces manifestations ont pour origine une vidéo internet, et non un échec plus large de notre politique».

Les républicains du Congrès, depuis l'attentat, accusent la Maison-Blanche d'avoir cherché à étouffer le caractère terroriste des attaques alors que M. Obama était en pleine campagne pour sa réélection. L'exécutif, par la voix de Mme Rice, avait dans un premier temps expliqué qu'elles avaient été provoquées par la publication d'une vidéo islamophobe sur YouTube, une version rapidement contredite.

Des enquêtes parlementaires ont été lancées, et des milliers de documents livrés au Congrès, mais le message de M. Rhodes n'avait à ce jour pas été révélé, malgré les requêtes de la Chambre des représentants.

«Il est perturbant, et peut-être criminel que ces documents aient été cachés par l'administration Obama», a dénoncé Darrell Issa, président d'une commission de la Chambre chargée de contrôler et auditer l'exécutif, lors d'une audition.

«Les Américains ont compris qu'on ne pouvait pas croire ce que la Maison-Blanche dit, on ne peut pas croire ce que les porte-paroles disent, et on ne peut pas croire ce que le président dit», a-t-il accusé. «Les faits sont en train de sortir, en particulier le fait que l'administration ait en connaissance de cause dissimulé des documents réclamés par le Congrès, en violation de tout précédent historique en matière de transparence, au moins depuis Richard Milhous Nixon».

Interrogé à ce sujet jeudi, le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney, est resté fidèle à la ligne de l'administration selon laquelle le message concernait l'ensemble du monde arabe, et non spécifiquement Benghazi.

«Ce à quoi nous avons assisté depuis les heures ayant suivi l'attaque, en commençant par un communiqué du candidat républicain à la présidentielle (de 2012, Mitt Romney, NDLR), ce sont des tentatives des républicains d'exploiter une tragédie pour des raisons politiciennes», a-t-il dénoncé.