Une «altercation» avec d'autres soldats pourrait avoir été à l'origine de la fusillade de Fort Hood, au Texas, au cours de laquelle un caporal jugé psychologiquement «instable» a tué trois militaires et en a blessé 16 autres avant de se suicider.

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Les enquêteurs se penchaient jeudi sur la personnalité du tireur, un vétéran d'Irak âgé de 34 ans nommé Ivan Lopez, sans antécédent de violence, pour tenter de comprendre comment une fusillade a pu une nouvelle fois se produire sur cette base.

«Il semble avoir eu une altercation verbale avec d'autres soldats», a affirmé jeudi après-midi le général Mark Milley, commandant de la base de Fort Hood, en évoquant «l'élément déclencheur» possible de son équipée meurtrière.

Mais «il n'y pas d'indications qu'il ait pris pour cible certaines personnes en particulier», a-t-il reconnu lors d'une conférence de presse.

Près de 24 heures après les faits, son mobile reste encore un mystère mais les enquêteurs disposent «d'indices forts sur son dossier médical évoquant un état instable sur le plan psychiatrique ou psychologique», selon le général Milley. «Nous pensons que c'est le facteur sous-jacent fondamental».

Originaire de Porto Rico, Ivan Lopez a passé neuf ans dans la Garde nationale avant de s'engager en 2010 dans le service actif de l'US Army. Lors de son service dans la Garde nationale, il a été déployé pendant un an dans le Sinaï en Egypte, selon le chef d'état-major de l'US Army, le général Ray Odierno.

Il a ensuite été déployé durant les quatre derniers mois de la présence militaire américaine en Irak, fin 2011. Il était alors conducteur de camion quand l'armée était essentiellement occupée à organiser son retrait.

«Problèmes mentaux»

«Son dossier ne fait état d'aucune blessure, d'aucune implication directe dans un combat», selon le secrétaire à l'armée de Terre, John McHugh.

Il était suivi pour un éventuel stress post-traumatique, un fléau qui frappe les forces américaines exposées aux combats depuis le 11-Septembre. Mais il n'avait pas été formellement diagnostiqué.

Ivan Lopez était cependant sous traitement pour divers «problèmes mentaux, allant de la dépression à de l'anxiété et des troubles du sommeil» et s'était vu prescrire des somnifères, a confirmé John McHugh, selon qui Lopez avait vu un psychiatre le mois dernier pour un examen complet.

Le général Milley s'est toutefois gardé de toute conclusion définitive: «Nous regardons tous les facteurs possibles, l'état de ses finances, de sa santé, de ses relations personnelles et conjugale, de problèmes de santé dans la famille».

Ce drame a réveillé de douloureux souvenirs pour les dizaines de milliers de militaires de Fort Hood, déjà endeuillés par le meurtre de 13 personnes en novembre 2009, perpétré par le psychiatre militaire Nidal Hassan, qui s'était présenté comme un «soldat d'Allah».

A l'encontre d'Ivan Lopez, les enquêteurs n'ont pas d'indication d'un quelconque lien «avec une organisation terroriste d'aucune sorte», selon le général Milley.

Cette nouvelle tragédie repose la question de la sécurité sur les bases militaires après les tueries de Fort Hood de 2009 et de Navy Yard, un complexe de la Marine à Washington en septembre 2013.

Mais le psychiatre qui l'a examiné le mois dernier n'a pas considéré Lopez comme une menace pour lui-même ou pour les autres, selon John McHugh.

Comme il vivait en dehors de la base, il pouvait posséder une arme. Il avait récemment acheté le pistolet qu'il a utilisé mercredi. Lopez était tenu de le déclarer et d'obtenir une autorisation pour l'apporter sur la base, ce qu'il n'avait pas fait.

Mais le général Odierno veut croire que les mesures prises depuis 2009 ont servi: «Les procédures d'alerte en vigueur, l'entraînement de la force de réaction ont contribué à éviter une situation qui aurait pu être bien pire».

Le chef du Pentagone Chuck Hagel a néanmoins convenu jeudi soir depuis Honolulu où il était en déplacement qu'il y avait vraisemblablement eu une «faille» dans la sécurité: «Clairement nous avons une faille», a-t-il dit en demandant de laisser le temps aux enquêteurs de faire leur travail.

Le président de la Chambre des représentants John Boehner a quant à lui fait savoir sur Twitter qu'il avait fait mettre les drapeaux en berne au Capitole en hommage aux victimes.