Les secouristes espèrent encore retrouver des survivants du glissement de terrain qui a frappé le Nord-Ouest des États-Unis, mais ils anticipent un bilan «substantiellement» plus lourd à l'heure où au moins 90 personnes manquent toujours à l'appel.

Cinq jours après le glissement de terrain qui a réduit à néant le village d'Oso, à une centaine de kilomètres de Seattle, plus de 200 personnes continuent à arpenter le bourbier à la recherche d'éventuels survivants.

Samedi, un pan entier d'une colline surplombant Oso s'est détaché et s'est précipité dans une rivière voisine, entraînant une coulée de boue qui a tout détruit sur son passage.

À ce jour, 16 dépouilles ont été récupérées et au moins huit autres ont été localisées, portant le bilan provisoire à 24 morts. «Ce chiffre va augmenter de façon substantielle» dans les prochains jours, a cependant averti Travis Hots, chef des pompiers du comté de Snohomish.

Il a précisé que les corps extraits des décombres ne sont pas comptabilisés dans le bilan tant que les «médecins n'ont pas fini leur travail» sur les dépouilles.

Au moins 90 personnes manquent encore à l'appel, laissant entrevoir l'ampleur de la catastrophe pour cette petite communauté rurale, déjà frappée par des glissements de terrain par le passé.

«Je n'ai pas encore renoncé. Même si l'on ne devait retrouver qu'une seule personne vivante, cela justifierait» tout ce qui a été entrepris depuis samedi, a déclaré M. Hots.

«Les yeux embués de larmes»

La pluie a repris jeudi, compliquant encore le travail des secouristes, qui font face sur le terrain à des conditions «très difficiles», tant le bourbier est dangereux, a noté M. Hots.

«Il faut être sur place pour vraiment le comprendre. C'est irréel. Il y a des rochers de la taille d'une ambulance qui ont dévalé la colline», a-t-il dit. «C'est tellement humide et boueux qu'on dirait un marécage».

Il a raconté avoir assisté mercredi à l'extraction d'un corps d'un véhicule, traîné sur 60 mètres par la coulée de boue. «Vous voyez des professionnels chevronnés qui craquent, les yeux embués de larmes», a-t-il raconté.

Outre les équipes locales de secouristes et les moyens dépêchés par le gouvernement fédéral, des dizaines de volontaires -- généralement des habitants du secteur -- participent aussi aux recherches.

«Nous allons au coeur du bourbier», a déclaré à l'AFP Kraig Wenrick, un riverain volontaire. «Et nous nous préparons moralement à trouver des corps, s'il y en a. Mais ce que nous voulons, c'est trouver des survivants, c'est notre but principal».

M. Hots a précisé que les recherches sont compliquées par l'instabilité du sol. Certains équipements lourds ne peuvent pas être utilisés car «ils s'enfonceraient dans la boue».

Les meilleurs alliés des secouristes, et les plus efficaces, restent les chiens. «Mais ce n'est pas une science exacte»: les corps se trouvent parfois à plusieurs mètres de l'endroit où les chiens les ont localisés.

Oso avait déjà été touchée par un glissement de terrain en 2006, qui avait entraîné des travaux d'aménagement de plusieurs millions de dollars.

Les autorités affirment avoir fait tout ce qu'elles ont pu en matière de prévention, assurant que «les riverains se sentaient en sécurité. Mais ils connaissaient les risques».