Un Afro-Américain condamné à la peine capitale pour meurtre par un jury exclusivement blanc a été libéré après près de 30 ans passés dans le couloir de la mort en Louisiane, à la faveur de nouveaux éléments qui l'innocentent.

«Je suis totalement retourné, mais je me sens bien», a déclaré Glenn Ford, 64 ans, à sa sortie de prison mardi, selon des propos diffusés par la chaîne locale WAFB.

Glenn Ford avait été condamné à mort en 1984 par un jury uniquement composé de Blancs qui l'avait reconnu coupable du meurtre d'un bijoutier, pour qui l'ancien prisonnier avait fait des travaux de jardinage.

Il était détenu dans le couloir de la mort depuis mars 1985.

Ford a toujours nié avoir tué M. Rozeman, affirmant qu'il n'était pas sur les lieux du crime. À sa sortie de prison, il a déclaré qu'il se sentait bien, mais qu'il a cependant du ressentiment après avoir passé 30 ans derrière les barreaux pour un crime qu'il n'a pas commis.

La juge du district de l'État de Louisiane, Ramona Emanuel, a indiqué lundi que de nouvelles informations ont corroboré la version des faits de Glenn Ford, qui affirmait qu'il n'était pas présent ou impliqué dans le meurtre du bijoutier. 

Ces nouveaux éléments confirmant sa version des faits ont poussé une équipe de procureurs à demander sa libération. Après en avoir pris connaissance, le juge a ordonné que Glenn Ford sorte du couloir de la mort de cet État du «Vieux Sud» américain.

«Quand je suis parti (en prison), mes fils étaient des bébés. Maintenant, ce sont des adultes qui ont eux-mêmes des bébés», s'est exclamé Glenn Ford. «Ce sont trente ans de ma vie. Je ne peux pas refaire le passé».

L'organisme Capital Post Conviction Project Of Louisiana, qui défend les droits des personnes condamnées à mort, a applaudi la décision de l'État.

Aaron Novod, avocat de l'organisation, a soutenu que le procès de Ford avait été compromis par l'inexpérience des avocats de Glenn Ford et par le rejet inconstitutionnel de certaines preuves provenant notamment d'un informateur.

Son groupe affirme qu'un rapport de police portant sur l'arme du crime et le moment du meurtre a aussi été détruit.

«Glenn Ford est la preuve vivante que notre système judiciaire est totalement vicié», a réagi Thenjiwe Tameika McHarris de la section américaine d'Amnistie internationale, dans un communiqué.

-Avec La Presse canadienne