Le président américain Barack Obama va évoquer mercredi un ambitieux accord commercial avec son homologue mexicain Enrique Peña Nieto et le Premier ministre canadien Stephen Harper, sur fond de dossiers épineux comme l'oléoduc Keystone XL.

M. Obama va effectuer l'aller-retour dans la journée entre Washington et Toluca, le fief de M. Peña Nieto à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de Mexico, pour un sommet avec deux voisins et partenaires de premier plan de son pays.

Canada, États-Unis et Mexique sont en effet liés depuis 20 ans par un accord de libre-échange (Alena). «Un tiers des exportations américaines s'effectuent vers le Canada et le Mexique», soutenant 14 millions d'emplois aux États-Unis, a remarqué un haut responsable de l'administration Obama.

Washington veut aller encore plus loin avec le Partenariat trans-Pacifique (TPP) qui dans son tour de table initial rassemble neuf pays supplémentaires: l'Australie, Brunei, le Chili, le Japon, la Malaisie, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour et le Vietnam.

Les États-Unis sont les principaux promoteurs de ce projet voué à totaliser 40% du produit intérieur brut mondial et dont la Chine, partenaire économique et concurrente géopolitique de Washington, est notablement absente.

Les Américains souhaitaient que cet accord soit conclu d'ici à la fin de l'année 2013, mais les discussions ont achoppé sur la complexité de l'ouverture de certains marchés, dont le Japon.

L'administration Obama souhaite que le TPP inclue un accord sur des normes de travail et d'environnement, dont l'absence a été reprochée à l'Alena. Le TPP «ferait passer (l'Alena) dans le XXIe siècle», a expliqué le responsable américain sous couvert de l'anonymat.

Frictions au sein de l'Alena 

Mais au sein de l'Alena, salué par la Maison-Blanche comme une réussite, la situation n'est pas idyllique: le Mexique a été froissé par le refus du Canada de mettre fin aux formalités exigées des Mexicains pour obtenir un visa et souhaite une amélioration des conditions de passage de ses camions aux États-Unis.

En outre, l'interminable passage en revue de l'oléoduc controversé Keystone XL par l'administration Obama exaspère Ottawa.

Stephen Harper a ouvertement critiqué le report d'une décision américaine sur cet équipement géant qui transporterait du pétrole issu de sables bitumineux canadiens vers des raffineries du Texas, au sud des États-Unis. Les États-Unis sont le principal marché d'exportation de produits pétroliers canadiens.

En outre, M. Peña Nieto a réagi vertement à des révélations fin 2013 nourries par l'ancien consultant Edward Snowden selon lesquelles ses communications personnelles avaient été surveillées par l'agence de renseignement américaine NSA pendant la campagne présidentielle de l'année précédente.

Dans tous ces dossiers, à neuf mois d'élections législatives dont dépendra sa marge de manoeuvre pour la fin de sa présidence, M. Obama est soumis à de multiples pressions intérieures: ses opposants républicains, majoritaires à la Chambre des représentants, sont d'ardents partisans de l'oléoduc Keystone XL, rejeté par les défenseurs de l'environnement.

En outre, le Sénat, pourtant dominé par ses alliés démocrates, a refusé fin janvier de mettre à l'ordre du jour une proposition de loi qui aurait permis à l'exécutif de négocier en détail des accords commerciaux, avant de demander au Congrès de les avaliser lors d'un vote unique sans pouvoir les amender. Outre le TPP, les États-Unis négocient actuellement un accord de libre-échange avec l'Union européenne.