Sauf coup de théâtre, les États-Unis ne feront pas défaut cette année: les adversaires républicains de Barack Obama, dans une capitulation surprise à la Chambre, ont laissé voter un texte autorisant les États-Unis à emprunter jusqu'au 15 mars 2015, sans conditions.

Le vote marque la fin de trois années de confrontation et de blocage au Capitole, et a été dûment célébré par le camp de Barack Obama.

«Le vote de ce soir est une étape positive pour s'écarter de la politique de la corde raide, qui freine inutilement notre économie», s'est félicité le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney, en appelant le Congrès à coopérer sur d'autres sujets comme le salaire minimum. «Le président a hâte de travailler avec les deux partis».

La mesure, déposée par les dirigeants républicains contre l'avis de leurs troupes, a été approuvée mardi grâce à l'appui quasi-unanime des démocrates de la Chambre, seulement 28 des 232 républicains votant «oui». Le Sénat, dont l'aval est indispensable, devrait commencer l'examen du texte mercredi, a indiqué le chef de la majorité démocrate Harry Reid.

Difficile de comprendre le revirement des dirigeants républicains, mardi, sans revenir au mois d'octobre dernier. À l'issue de plusieurs semaines de bras de fer, ils avaient échoué à extraire des concessions budgétaires de la part des démocrates en échange du relèvement nécessaire du plafond de la dette.

Les chefs de file avaient alors juré de ne plus tenter l'impossible, et de se distancer de la faction intransigeante des affiliés au Tea Party. La première étape de ce nouvel esprit de coopération fut l'adoption à une large majorité des budgets 2014 et 2015, en décembre.

La limite légale de la dette, 17 211 milliards de dollars, a été réactivée vendredi dernier, et le Trésor a prévenu qu'il avait besoin d'une nouvelle autorisation du Congrès pour pouvoir emprunter au-delà du 27 février, de façon à ce que les États-Unis paient leurs obligations: pensions de retraites, dépenses courantes mais aussi les intérêts payés aux créanciers internationaux.

Ne pas relever la limite de la dette «serait catastrophique», avait averti mardi la nouvelle présidente de la Banque centrale américaine, Janet Yellen. Risquer un défaut «serait extrêmement destructif du point de vue de notre économie, de nos marchés financiers, des marchés financiers mondiaux», avait-elle dit.

Les démocrates crient victoire

«Les républicains sont les seuls qui reconnaissent l'existence d'une crise de la dette et ont essayé à plusieurs reprises de renverser la dangereuse tendance de dépenses à Washington», a toutefois déclaré Eric Cantor, le numéro deux républicain de la Chambre.

Le vote illustre les divisions internes dans le camp républicain, entre les modérés et les plus conservateurs, qui exigeaient un accord de baisse des dépenses en échange du relèvement du plafond, une tactique qui avait fonctionné à l'été 2011 mais pas en octobre dernier.

John Boehner, président de la Chambre, avait depuis publiquement déclaré qu'il ne provoquerait pas de crise de la dette américaine, et il a voté «oui» mardi.

«Ce n'est pas marrant pour lui, c'est le moins qu'on puisse dire», a admis le républicain James Lankford.

Les démocrates ont quant à eux crié victoire: depuis des mois, ils exigeaient un relèvement sans condition de la limite de la dette.

«J'espère que la tactique consistant à menacer d'un défaut pour des questions budgétaires est terminée, ne sera plus envisagée ni employée», a affirmé Gene Sperling, le principal conseiller économique de Barack Obama.

L'adoption par le Sénat dépendra de la coopération de la minorité républicaine. Certains sénateurs pourraient tenter de retarder l'examen du texte.

«La plupart des républicains partout dans le pays pensent que nous ne devrions pas écrire de chèque en blanc au président, et que nous ne pouvons pas continuer à emprunter de l'argent sans contrainte sur les dépenses», a dit le sénateur républicain Rand Paul.