François Hollande, aux premières heures de sa visite aux États-Unis, a célébré lundi aux côtés de Barack Obama le lien d'amitié qui unit Paris et Washington, lors d'une visite au domaine du troisième président américain, le très francophile Thomas Jefferson.

«Alliés, nous l'étions au temps de Jefferson et de La Fayette, alliés nous le sommes encore aujourd'hui, amis nous l'étions ou ils l'étaient au temps de Jefferson et de La Fayette, amis nous le sommes pour toujours», a déclaré le chef de l'État français au premier jour de sa visite d'État de 72 heures, depuis Monticello, le domaine bâti par Jefferson, à 200 km au sud-ouest de Washington.

François Hollande et Barack Obama étaient arrivés dans l'après-midi après un bref vol à bord d'Air Force One depuis les environs de Washington, où l'Airbus présidentiel français s'était posé peu avant 14h30.

L'escapade champêtre de Monticello devait permettre aux deux dirigeants de parler, de manière informelle, «des relations (franco-américaines) dans un environnement évoquant leur histoire, et des possibilités qu'elles recèlent», selon un haut responsable de l'administration Obama à l'AFP.

M. Hollande doit dîner lundi soir à la résidence de France à Washington avec la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, et le président de la Banque mondiale, l'Américain Jim Yong Kim.

Le cadre sera plus solennel mardi à 09h00 sur la pelouse sud de la Maison-Blanche pour une arrivée ponctuée de 21 coups de canon, des hymnes nationaux et d'un passage en revue de troupes.

Les deux présidents ont lancé un appel à un accord ambitieux sur le climat, enjeu d'une conférence à Paris l'an prochain. Dans une tribune commune lundi dans Le Monde et le Washington Post, ils demandent «à tous les pays à s'associer à notre recherche d'un accord mondial ambitieux et global pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre par des mesures concrètes».

Souhaitant «une alliance transformée» entre leurs deux pays, ils ont aussi évoqué leurs positions communes sur l'Iran et la Syrie, et souligné que l'Afrique «du Sénégal à la Somalie» est le théâtre «le plus visible» du «nouveau partenariat» noué par leurs deux pays, citant le Mali, le Sahel et la Centrafrique.

La NSA, dossier épineux

MM. Obama et Hollande s'entretiendront mardi dans le bureau ovale avant une conférence de presse. Les dossiers internationaux (Syrie, Iran, Ukraine, Sahel et Libye) devraient être évoqués, ainsi que les relations économiques.

Si les États-Unis se sont extraits des effets de la crise de 2008, avec un taux de chômage retombé à 6,6%, la France peine à se sortir du marasme et sa croissance reste faible. M. Hollande, dont la cote de confiance oscille autour de 20%, n'a pas réussi à tenir sa promesse d'inverser la courbe du chômage en 2013.

M. Hollande conclura sa visite mercredi par une escale à San Francisco, berceau d'entreprises informatiques de pointe.

Les liens entre Obama et Hollande reposent sur «une relation personnelle de qualité», affirme-t-on à l'Elysée, la Maison Blanche exaltant l'amitié durable entre Paris et Washington.

Ombre au tableau, les pratiques de l'agence de renseignement NSA, visant notamment les alliés européens des États-Unis et mises au jour par l'ancien consultant Edward Snowden en 2013.

Ces révélations ont ouvert «une période difficile, non seulement entre la France et les États-Unis, mais aussi entre l'Europe et les États-Unis», a déclaré le président français au magazine Time.

Après un déjeuner officiel sous les auspices du chef de la diplomatie, John Kerry, et un hommage aux militaires américains, M. Hollande sera mardi soir l'invité d'honneur d'un dîner d'État rassemblant plusieurs centaines de convives triés sur le volet à la Maison-Blanche.

Officiellement, la rupture de M. Hollande et Mme Valérie Trierweiler après la révélation d'une liaison entre le président et une actrice n'a pas eu de conséquences sur le programme. Le dirigeant français se présente seul pour cette visite d'État à Washington, comme l'avait fait le Chinois Hu Jintao en 2011.

Mais le New York Times affirmait ce week-end que la séparation annoncée fin janvier, très commentée par les éditorialistes américains, avait contraint la Maison-Blanche à imprimer de nouveaux cartons d'invitation sans le nom de Mme Trierweiler.