Le taux d'avortements pratiqués en 2011 n'a jamais été aussi bas aux États-Unis en 40 ans, vraisemblablement grâce à une plus grande utilisation de la contraception et non parce que l'accès aux IVG serait limité, affirme lundi une étude.

En 2011, le taux des avortements pratiqués a été de 16,9 interventions pour 1000 femmes âgées de 15 à 44 ans -- 1,1 million en chiffre absolu --, le chiffre le plus bas depuis les 16,3 de 1973, indique une étude du Guttmacher Institute spécialisé dans les questions de reproduction.

Entre 2008 et 2011, le taux a baissé de 13%, avec des procédures réalisées de plus en plus tôt, et ce dans presque tous les États.

Le nombre d'avortements avait connu un pic en 1981, avec 29,3 interventions pour 1000.

L'étude note qu'entre 2008 et 2011, le nombre de professionnels ou établissements proposant l'IVG (Interruption volontaire de grossesse) a seulement baissé de 4% et celui des seules cliniques de 1%.

Il n'est donc pas prouvé «que cette baisse est liée à une baisse du nombre de prestataires», indique Rachel Jones, qui a dirigé l'étude.

En fait, elle coïncide avec celle du nombre des grossesses et des naissances alors que de plus en plus de femmes utilisent des moyens de contraception performants et que «la crise récente a amené de nombreux couples à éviter ou à retarder une grossesse», remarque l'institut.

L'étude a été réalisée avant la flambée de règlementations restreignant l'avortement votées dans plusieurs États et qui ne sont entrées en vigueur que fin 2011 ou plus tard, fait remarquer l'institut.

Les organisations «pro-life» - anti-avortement - multiplient depuis deux ans les campagnes auprès des élus pour des lois restreignant l'accès à l'avortement, légal aux États-Unis mais toujours très controversé.

Des analyses ultérieures devront en étudier l'impact, ajoutent les chercheurs.

L'étude est publiée lundi en ligne et le sera en mars dans le magazine du Guttmacher Institute «Perspectives sur la santé sexuelle et reproductive» (Perspectives on Sexual and Reproductive Health).

Carol Tobias, la présidente de l'organisation anti-avortement National Right to Life, s'est «réjouie de voir que les femmes rejettent l'idée de l'avortement», dans un communiqué à l'AFP, se félicitant de «l'impact formidable» selon elle du mouvement pro-life.

Jeanne Moynihan, présidente de la Marche pour la Vie, manifestation annuelle anti-avortement, s'est également «félicitée» de cette baisse tout en indiquant que l'étude la liait «à la contraception, sans le prouver. Nous devrions attendre que les chiffres soient disponibles avant toute conclusion», dit-elle.

Judy Norsigian, directrice de Our Bodies Ourselves, qui milite en faveur du droit à l'avortement, affirme pour sa part que l'étude ne «reflète pas le problème actuel». Toutes ces «restrictions ont provoqué une hausse spectaculaire des fermetures de cliniques», ajoute-t-elle et même si le chiffre des IVG baisse, il touche davantage les plus modestes, dit-elle.