Une régularisation sous conditions strictes pour les millions de sans-papiers vivant aux États-Unis a été proposée jeudi par les républicains de la Chambre des représentants, une inflexion historique pour le parti conservateur, longtemps opposé à toute régularisation massive.

La réforme des règles de l'immigration, considérées comme obsolètes, est une priorité du président démocrate Barack Obama. Mais les appels à la réforme étaient restés jusque là lettre morte dans le camp conservateur.

Dans une déclaration de principes très attendue et rendue publique lors du séminaire annuel du groupe, les chefs de file républicains écrivent que les sans-papiers «pourraient vivre légalement et sans peur aux États-Unis, mais seulement s'ils acceptent d'admettre leur culpabilité, de subir des vérifications rigoureuses de leurs antécédents, de payer des amendes importantes et des arriérés d'impôts, de suivre des cours d'anglais et d'éducation civique américaine, et d'être capables de soutenir leur famille (sans aide publique)».

«Notre sécurité nationale et économique exige que les gens qui vivent et travaillent ici illégalement se dévoilent et se mettent en conformité avec la loi», indique le texte. «Il n'y aura aucune voie spéciale pour la naturalisation des individus qui ont enfreint nos lois sur l'immigration. Ce serait injuste pour les immigrés qui ont respecté les règles».

Les régularisations seraient également conditionnées à des mesures distinctes de sécurisation de la frontière et de lutte contre l'immigration clandestine.

Les républicains prévoient en revanche une procédure d'exception pour les sans-papiers qui sont arrivés enfants aux États unis, une mesure perçue comme fondamentale par les démocrates et les associations de soutien aux sans-papiers.

«L'un des grands principes fondateurs de notre pays fut que les enfants ne devaient pas être punis pour les erreurs de leurs parents», écrit le groupe.

«Il est temps de donner l'occasion d'obtenir un statut de résident légal et la citoyenneté à ceux qui ont été emmenés enfants dans ce pays sans que ce soit leur faute, ceux pour qui c'est la seule maison qu'ils connaissent. Pour ceux qui remplissent certaines conditions, et sont engagés dans l'armée ou obtiennent un diplôme universitaire, c'est ce que nous ferons», promettent les élus.

L'annonce a été prudemment saluée par les démocrates, fervents partisans de la régularisation des quelque 11 millions de sans-papiers.

«Les détails sont très importants et je n'ai encore rien vu de concret de la part des républicains», a commenté le représentant démocrate Luis Gutierrez, très impliqué dans le mouvement de réforme. Mais il s'est félicité de ce premier pas: «je pense qu'on se rapproche un peu plus, et que ça présage d'un bel avenir».

Les républicains rejettent dans le même document l'approche ambitieuse adoptée en 2013 par le Sénat, dominé par les démocrates. L'immense texte sénatorial combine régularisations, réforme des visas et sécurité à la frontière, dans un compromis où chaque groupe d'intérêt (syndicats, entreprises, sans-papiers...) y trouve son compte.

À l'inverse, les républicains de la Chambre entendent voter séparément des lois sur la frontière, les visas pour les travailleurs hautement qualifiés, etc.

Ils insistent pour que les sans-papiers ne «passent pas avant» les immigrés en règle, et qui attendent parfois des années pour obtenir un titre de séjour permanent.

Le ton sévère employé par les républicains vise à rassurer les plus conservateurs du parti, hostiles à toute loi d'amnistie, alors que tous les sièges de la Chambre seront renouvelés en novembre.