Trente-cinq ans après un braquage spectaculaire immortalisé dans le film de Martin Scorsese Goodfellas, un mafieux de 78 ans a plaidé non coupable jeudi à New York, quelques heures après son arrestation et celle de quatre complices présumés.

Le braquage commis à l'aéroport JFK le 11 décembre 1978 avait défrayé la chronique. C'était le plus important jamais commis aux États-Unis et il avait rapporté 5 millions en argent liquide et 1 million en bijoux, l'équivalent de 20 millions de dollars actuels.

Vincent Asaro, 78 ans, l'un des anciens «street boss» de la famille Bonanno, l'une des cinq familles new-yorkaises liées à la Cosa Nostra, a comparu pendant 9 minutes jeudi devant un tribunal fédéral de Brooklyn. Légèrement voûté, cheveux lissés à l'arrière, vêtu d'un simple pull, il a plaidé non coupable des charges de racket et extorsion retenues contre lui, sur une période de près de 45 ans, et pour lesquelles il risque la prison à vie.

Il est aussi accusé du meurtre d'un informateur présumé, Paul Katz, disparu en 1969. M. Asaro l'aurait selon l'accusation étranglé avec la chaîne d'un chien.

M. Asaro, qui a subi un triple pontage en mars, a été maintenu en détention.

Des cinq hommes arrêtés jeudi au petit matin, il est le seul directement lié au braquage de 1978. Son rôle exact n'est cependant pas précisé dans l'acte d'accusation.

Il a été arrêté chez lui à Howard Beach, dans l'arrondissement du Queens. Son fils Jerome Asaro, 55 ans, et trois autres membres supposés de la famille Bonanno, Thomas Di Fiore, 70 ans, John Ragano, 52 ans, et Jack Bonventre, 46 ans, ont également comparu à Brooklyn après leur arrestation. Ils risquent 20 ans de réclusion.

Le 11 décembre 1978, plusieurs hommes armés et masqués, visiblement bien informés, avaient neutralisé une dizaine d'employés et dérobé à JFK en une petite heure 5 millions de dollars en argent liquide et 1 million en bijoux, entreposés dans un coffre. Ce butin était peu avant arrivé d'Allemagne par la compagnie Lufthansa.

La police avait rapidement retrouvé la camionnette utilisée par les malfaiteurs, et acquis la certitude que le cerveau de l'opération était Jimmy Burke, de la famille Lucchese, l'une des cinq familles new-yorkaises de la Cosa Nostra.

Mais en quelques mois, une dizaine de personnes impliquées de près ou de loin dans l'opération avaient été tuées. Jimmy Burke est mort en prison d'un cancer en 1996, condamné dans une autre affaire.

Une inculpation aux allures de roman noir

À l'exception d'un employé de la Lufthansa accusé de complicité, personne n'a jamais été condamné. Et ni l'argent ni les bijoux n'ont été retrouvés.

L'acte d'accusation des cinq hommes arrêtés jeudi se lit comme un roman noir, entre meurtres, extorsion, incendies criminels, menaces, attaques de fourgons blindés et paris illégaux.

Ils y sont accusés de racket et extorsion, sur une période de plus de 45 ans, du 1er janvier 1968 au 30 juin 2013.

«Ces affranchis pensaient qu'ils pouvaient voler, tuer, et faire tout ce qu'ils voulaient», a souligné jeudi un responsable du FBI George Venizelos.

Vincent Asaro est accusé d'avoir ordonné au moins deux meurtres : celui de Paul Katz, et celui d'un cousin, avec son fils Jerome, dans les années 1980.

Selon le procureur, M. Katz aurait été étranglé par Vincent Asaro et Jimmy Burke, qui pensaient qu'il coopérait avec les enquêteurs. Son corps avait été enterré dans une cave du Queens avant d'être déplacé dans les années 80, à la demande de M. Asaro. Les restes de Paul Katz ont été retrouvés l'été dernier dans une maison appartenant à la famille Burke dans le Queens, selon les enquêteurs.

M. Asaro et son fils sont également accusés d'un incendie criminel au début des années 80 à Ozone park (Queens), du braquage à main armée d'un véhicule de transports de fonds entre 1984 et 1986 - butin d'un million de dollars - et du vol de sels d'or en février 1984, qui avait rapporté environ 1,25 million de dollars.

Vincent Asaro est également accusé d'avoir dirigé une opération de paris illégaux avec Jack Bonventre en 2007 et 2008.

Le film Goodfellas, avec Robert de Niro, retrace la montée et la chute d'associés de la famille Lucchese et évoque le braquage de JFK. Sorti en 1990, il a connu un succès considérable.