Les derniers soldats américains ont quitté l'Irak fin 2011, mais l'autorisation historique d'usage de la force votée par le Congrès en 2002 court toujours, et une proposition d'abrogation parlementaire est pour la première fois soutenue par la Maison-Blanche.

Le sénateur républicain Rand Paul, d'obédience libertaire et hostile à l'interventionnisme américain, a déposé mardi au Sénat une proposition de loi afin de révoquer formellement --et symboliquement-- cette autorisation. Plusieurs démocrates et républicains soutiennent sa démarche.

«Il y a deux ans, le président Obama a déclaré que la guerre en Irak était terminée», a déclaré Rand Paul dans un communiqué. «Nos soldats étant rentrés et la partie pratique de la mission étant terminée, j'estime qu'il est nécessaire de mettre fin à la guerre officiellement et juridiquement».

«Aucun président, qu'il soit démocrate ou républicain, ne doit avoir de chèque en blanc lorsqu'il s'agit de la guerre», a déclaré la sénatrice démocrate Kirsten Gillibrand.

«Cette proposition de loi doit servir de rappel qu'une autorisation du Congrès pour user de la force doit toujours être limitée, et que l'action militaire doit toujours être déclenchée en dernier recours», a estimé la sénatrice démocrate Elizabeth Warren.

Une précédente tentative de M. Paul, en 2011, avait échoué, mais le président Barack Obama est maintenant d'accord, ouvrant la voie à son éventuelle adoption.

«L'administration soutient l'abrogation de l'autorisation d'utiliser la force militaire en Irak puisqu'elle n'est plus utilisée pour des activités gouvernementales. Nous comprenons que certains au Congrès envisagent de voter sur ce sujet, et nous examinerons de près ces propositions lorsqu'elles se présenteront», a déclaré Caitlin Hayden, porte-parole du Conseil de sécurité nationale (NSC), une annonce faite initialement à Yahoo News.

Un responsable américain a expliqué sous couvert d'anonymat que la Maison Blanche n'avait pas spontanément demandé cette abrogation, car elle serait «entièrement symbolique et nous avons de nombreuses autres priorités».

Le Congrès avait autorisé à une large majorité (77 contre 23 au Sénat, 296 contre 133 à la Chambre) en octobre 2002 le président George W. Bush à envahir l'Irak de Saddam Hussein, une invasion déclenchée en mars 2003. Le texte citait alors le stock d'armes chimiques et le programme nucléaire du régime.

Cette autorisation d'invasion hante depuis la classe politique américaine, les renseignements brandis alors par l'administration Bush s'étant plus tard avérés erronés, notamment sur les liens supposés entre Saddam Hussein et Al-Qaïda.