Les conservateurs américains ont saisi l'occasion du 50e anniversaire du lancement par le président Lyndon Johnson de la «guerre contre la pauvreté» pour dénoncer l'inefficacité des dispositifs existants et appeler à une refonte de l'État Providence pour lutter contre l'assistanat, mercredi.

«Cinq décennies et des milliers de milliards de dollars après la guerre contre la pauvreté du président Johnson, les résultats de cette approche bureaucratique sont clairs», a lancé mercredi le sénateur républicain Marco Rubio, prétendant officieux à la Maison Blanche en 2016, lors d'un discours. «Quatre millions d'Américains sont au chômage depuis plus de six mois. Un total ahurissant de 49 millions d'Américains vivent sous le seuil de pauvreté».

Les réformes proposées par le camp conservateur passent par une réduction des programmes d'aides, tels que les bons alimentaires distribués aux familles les plus démunies («food stamps»), et le conditionnement des aides sociales au suivi d'une formation ou à un minimum d'heures travaillées.

Pour M. Rubio, l'argent public doit d'abord servir à financer la formation des travailleurs peu qualifiés et des chômeurs.

«Les programmes anti-pauvreté aident à atténuer l'impact de la pauvreté, mais ils ne permettent pas de s'attaquer à ses causes», a-t-il argumenté. «Nous disposons de l'outil le plus puissant de l'histoire pour faire profiter à tous de l'ascenseur social: le système de libre entreprise américain».

«Nous savons tous qu'il y a une solution qui marche: cela s'appelle le travail», a déclaré mercredi John Boehner, président de la Chambre des représentants.

L'anniversaire du discours de Lyndon Johnson intervient alors que le président Barack Obama et ses alliés démocrates tentent de renouveler un dispositif d'indemnisation des chômeurs de plus de six mois, auquel les républicains s'opposent pour des raisons budgétaires. Les démocrates tentent aussi d'augmenter le salaire minimum fédéral, de 7,25 à plus de 10 dollars, anathème pour de nombreux républicains.

La Maison Blanche a inscrit ces deux mesures dans le cadre plus large de la lutte contre les inégalités, dont le président entend faire l'un de ses thèmes politiques en 2014.

Barack Obama, dans un communiqué mercredi, a loué le système de protection sociale mis en place depuis un demi-siècle, à commencer par le système public de retraite (Social Security) et l'assurance maladie pour les plus de 65 ans (Medicare). Selon lui, la pauvreté résiduelle aux Etats-Unis ne rend que plus nécessaire le renforcement des dispositifs actuels.

«Si nous n'avions pas déclaré une guerre inconditionnelle contre la pauvreté en Amérique, des millions d'Américains supplémentaires vivraient sous le seuil de pauvreté aujourd'hui», a-t-il souligné. «Cela signifie qu'il nous faut redoubler d'efforts pour faire en sorte que l'économie profite à tous les Américains. Cela signifie qu'il faut aider nos entreprises à créer des emplois mieux rémunérés, augmenter l'accès à la santé et à l'éducation (...) et donner plus d'opportunités aux gens».