Michael Bloomberg a mis un point final mardi à 12 ans de règne à la mairie de New York, laissant une ville profondément transformée à son successeur Bill de Blasio, un démocrate de gauche aux priorités très différentes.

M. Bloomberg, 71 ans, maire milliardaire et philanthrope à la poigne de fer, n'aura pas perdu une seconde jusqu'à la fin, à l'image de l'horloge qui, dans son bureau, comptait les minutes jusqu'à la fin de son mandat. Il a encore signé lundi 22 projets de loi, dont celui interdisant la cigarette électronique dans les lieux publics de la plus grande ville américaine.

Il devait une dernière fois s'adresser à ses équipes (quelque 300 000 personnes travaillent pour la mairie de New York) mardi en fin d'après-midi.

«Chaque jour depuis 12 ans, je me suis réveillé en me demandant comment rendre notre ville plus forte et plus sûre, en meilleure santé et plus verte, plus libre, plus juste, plus charitable, plus innovante et tournée vers l'avenir, avec plus d'opportunités pour tous», a-t-il déclaré lors de sa dernière allocution radio hebdomadaire dimanche. «Mercredi matin, je me réveillerai avec le sourire, sachant que nous avons fait tout ce que nous pouvions pour atteindre ces objectifs».

M. Bloomberg, à l'époque un outsider venu du monde des affaires, avait succédé au républicain Rudy Giuliani le 1er janvier 2002, trois mois et demi après le profond traumatisme du 11-Septembre.

Depuis, les meurtres dans la ville de 8,33 millions d'habitants ont diminué de 49%, passant de 649 (en 2001) à 333 cette année, un record à la baisse. Un million d'arbres ont été plantés, des milliers de vélos en libre-service ont envahi les rues, 37% de la ville a fait l'objet d'un nouveau zonage, avec la création de centaines d'hectares d'espaces verts et la construction de gratte-ciels de plus en plus hauts et de plus en plus chers.

Quelque 54,3 millions de touristes ont visité New York cette année, autre record. M. Bloomberg se félicite aussi d'un budget à l'équilibre, et du fait que les New-Yorkais aient gagné durant ses trois mandats presque trois ans d'espérance de vie: mesures antitabac et mesures de lutte contre l'obésité ont selon lui porté leurs fruits.

Les New-Yorkais aspirent au changement

Mais les inégalités - les plus fortes des États-Unis - se sont accrues: 70 milliardaires, 389 000 millionnaires, mais 21,2% de la population en dessous du seuil de pauvreté (23 400 dollars annuels pour une famille de 4). Et 52 400 personnes sont sans domicile fixe à New York, hébergées par la mairie, dont 22 100 enfants, une augmentation de 69% depuis 2002.

Certains ont reproché à M. Bloomberg, démocrate devenu républicain puis indépendant, de ne gouverner que pour les riches. Il s'en est vivement défendu, soulignant que la pauvreté avait moins augmenté à New York que dans les autres grandes villes américaines.

Mais après 12 ans sous sa férule, les New-Yorkais aspiraient au changement. En novembre, plus de 73% des votants ont choisi Bill de Blasio, 52 ans, apparatchik démocrate qui s'était positionné comme l'anti-Bloomberg. Il a notamment dénoncé les inégalités et promis de financer l'école maternelle pour tous dès 4 ans, en imposant plus fortement les New-Yorkais gagnant plus de 500 000 dollars annuels.

Premier démocrate élu à New York depuis 20 ans, M. de Blasio, marié à une noire, Chirlane McCray, et père de deux adolescents métis, doit prêter serment une première fois lors d'une cérémonie privée dans sa petite maison de Brooklyn, à 0H01 mercredi. La cérémonie publique d'investiture, avec l'ancien président Bill Clinton, pour lequel M. de Blasio avait travaillé comme directeur régional au ministère du Logement, est prévue à midi mercredi sur les marches de la mairie.

M. de Blasio, a, très lentement, commencé à constituer son équipe dirigeante, privilégiant l'expérience et une vision politique partagée. Mais il est encore loin d'avoir constitué toute son équipe.