Encore auréolé de sa victoire sur Mitt Romney, Barack Obama avait créé la surprise en adoptant un ton combatif et résolument progressiste lors de son deuxième discours d'investiture.

«Nous allons répondre à la menace du changement climatique, sachant que le fait de ne pas le faire serait trahir nos enfants et les générations futures», avait déclaré le 44e président, abordant un sujet dont il avait à peine parlé en campagne.

Un peu plus tard, après avoir évoqué les combats pour l'équité salariale et les droits des homosexuels, il devait ajouter: «Notre parcours ne sera pas terminé tant que nous n'aurons pas trouvé une meilleure façon d'accueillir les immigrés pleins de détermination et d'espoir qui voient encore les États comme une terre de possibilités. [...]Notre parcours ne sera pas terminé tant que nos enfants, depuis les rues de Detroit jusqu'aux collines des Appalaches et aux ruelles tranquilles de Newtown, ne sauront pas qu'ils sont entourés et chéris et toujours à l'abri du danger.»

C'était le 21 janvier. Onze mois plus tard, lors d'une conférence de presse à la Maison-Blanche, un journaliste a demandé à Barack Obama si 2013 avait été la «pire année» de sa présidence. L'intéressé a éclaté de rire et esquivé la question. On le comprend: en 2013, l'homme des grands discours n'aura jamais semblé plus impuissant à transformer ses paroles en actions.

S'agissant du climat, de l'immigration ou du contrôle des armes à feu, Barack Obama peut toujours mettre l'absence de progrès concrets sur le compte de l'obstruction républicaine au Congrès. À la fin du mois de juin, le Sénat à majorité démocrate a adopté un projet de réforme du système d'immigration auquel la Chambre des représentants, dominée par les républicains, a refusé de donner suite.

La règle du Sénat nécessitant une super majorité de 60 voix sur 100 pour tenir un vote sur un projet de loi a, par ailleurs, torpillé la plus modeste des réformes sur les armes à feu. Celle-ci aurait rendu obligatoires les vérifications d'antécédents judiciaires et psychiatriques avant l'achat d'une arme sur l'internet et dans les foires.

Mais l'inaction du Congrès sur les armes à feu ne demeure pas moins un des grands échecs de Barack Obama, qui avait prononcé un total de 13 discours sur la question entre la tuerie de Newtown, le 14 décembre 2012, et le vote final du Sénat, le 17 avril 2013.

Dans d'autres dossiers importants, dont ceux de la Syrie et de la santé, Barack Obama aura été victime de ses propres erreurs. En août 2102, il avait pris de court ses propres conseillers en fixant une ligne rouge à propos de l'utilisation des armes chimiques par la Syrie. Un an plus tard, il allait se buter au refus de la Grande-Bretagne et du Congrès de faire respecter cette ligne rouge par la voie de frappes contre le régime de Bachar al-Assad.

Et pour comble, il n'allait réussir à sauver la face et éviter une intervention militaire risquée que par l'entremise d'un de ses contempteurs, Vladimir Poutine. Ce même Poutine qui venait d'offrir l'asile temporaire à l'ancien consultant de la NSA, Edward Snowden, dont les révélations avaient démontré la fidélité du président américain à quelques-uns des programmes les plus controversés de son prédécesseur.

Mais les ratés de la réforme de la santé, pièce maîtresse du bilan social de Barack Obama, lui ont sans doute fait vivre ses pires moments en 2013. Ils ont non seulement permis aux républicains de faire oublier leurs propres divisions, mais également de mettre en cause la compétence et l'honnêteté du président démocrate.

Résultat: Barack Obama a rejoint George W. Bush et Richard Nixon parmi les présidents qui, depuis la Seconde Guerre mondiale, ont fini leur cinquième année à la Maison-Blanche avec une cote de popularité inférieure à 50% (il récolte à peine 40% d'opinions favorables).

Il pourrait rebondir dans les sondages à la faveur d'une économie qui continue à s'améliorer, ou d'une réforme de la santé qui surmonte les cafouillages techniques des derniers mois, ou d'une véritable percée diplomatique avec l'Iran.

En attendant, Barack Obama dit espérer une «percée pour les États-Unis» en 2014. Si percée il y a, elle se produira probablement sans l'aide du Congrès, dont les membres consacreront une bonne partie de leurs énergies aux élections de mi-mandat, en novembre prochain.

Chose certaine, après l'annus horribilis de Barack Obama, les attentes sont modestes.