Barack Obama a commué jeudi les peines de prison de huit Américains condamnés pour trafic de drogue, justifiant cette rare décision par la nécessité de compenser les effets de règles punissant davantage les possesseurs de crack que ceux de cocaïne.

Trois ans après avoir promulgué une loi rééquilibrant les peines appliquées aux possesseurs de crack et de cocaïne, jusqu'alors très défavorables aux condamnés pour crack en majorité noirs, le président des États-Unis a eu recours à son droit de grâce pour ordonner la libération de huit détenus ayant tous purgé au moins 15 ans de prison.

Six de ces huit prisonniers, condamnés pour possession et trafic de crack ou de «free base» purgeaient une peine à perpétuité. Une grande majorité sera libérée d'ici à avril prochain selon la Maison-Blanche.

La loi de 2010 «a commencé à corriger une injustice qui durait depuis des décennies, mais pour des milliers de prisonniers, elle est arrivée trop tard», a affirmé M. Obama dans un communiqué.

«S'ils avaient été condamnés conformément à la loi en vigueur actuellement, un grand nombre d'entre eux auraient déjà (...) payé leur dette à la société», a-t-il ajouté.

Concernant les huit personnes dont les peines ont été commuées jeudi, «dans plusieurs cas, les juges (...) ont regretté que la loi ne permette pas de les condamner à des punitions plus conformes aux crimes» qui leur étaient reprochés, a remarqué le président.

La puissante organisation de défense des droits ACLU a salué la décision de M. Obama, estimant dans un communiqué qu'il s'agissait d'une «étape importante afin de corriger les dégâts que les condamnations extrêmes ont provoqué».

«Nous espérons que le président continuera à exercer son droit de grâce et à soutenir une réforme de fond qui rendra notre système judiciaire pénal plus intelligent, plus juste et plus humain», a ajouté l'ACLU, en notant qu'avant jeudi, M. Obama n'avait commué qu'une peine de prison en cinq années de pouvoir.

Avant 2010, une personne arrêtée en possession d'un seul gramme de crack était condamnée à la même peine qu'une autre possédant 100 grammes de cocaïne. La loi a réduit ce taux de 100 contre un à 18 contre un. Le texte a aussi éliminé la peine plancher pour simple possession de crack pour les primo-délinquants.

Seuls 25 % des consommateurs de crack sont noirs, mais les Noirs constituaient 81 % des personnes condamnées pour possession ou vente de crack en 2007.