L'un des cinq accusés des attentats du 11-Septembre s'est fait expulser à deux reprises mercredi d'une audience préliminaire sur la base militaire américaine de Guantanamo où il est retenu, en raison de ses propos intempestifs notamment contre la torture.

C'est la quatrième fois en deux jours que le Yéménite Ramzi Ben al-Shaiba, accusé d'être l'un des coordinateurs des attentats de 2001 aux États-Unis, est sorti du tribunal sur cette base navale installée à Cuba.

Mercredi matin, l'accusé s'est fait une première fois expulser quelques secondes après avoir lancé, sans avoir reçu la parole, que les autorités américaines ne faisaient rien pour cesser les bruits qu'il entend dans sa cellule toutes les nuits.

«Je dois quitter cet endroit. Je vous demande de faire cesser ces vibrations. Je ne veux pas rester ici tant que la torture y sera exercée», s'est ainsi emporté Ben al-Shaiba. «S'il n'est pas possible de stopper cela, alors vous devez démissionner», a-t-il ajouté à l'adresse du juge militaire James Pohl.

Mardi, les avocats du Yéménite avaient émis l'hypothèse que les gardiens de la prison faisaient délibérément du bruit pour empêcher leur client de dormir.

«Il n'a pas pu dormir du tout la nuit dernière à cause du bruit qu'on a fait autour de lui», avait affirmé le lieutenant commandant Kevin Bogucki. «Il est trop fatigué pour être attentif», avait-il ajouté, précisant que la cellule résonnait de coups portés contre les cloisons, une accusation que le gouvernement américain rejette. Selon le juge Pohl, rien ne prouve ni ne dément cette accusation.

Comme Ben al-Shaiba s'était déjà emporté mardi sur les prisons secrètes de la CIA, le juge l'a de nouveau prévenu mercredi matin que ses interventions intempestives troublaient le bon déroulement de l'audience et qu'il serait expulsé s'il n'arrêtait pas.

«C'est ma vie, c'est de la torture. Vous devez arrêter (ces bruits)», a malgré tout insisté Ben al-Shaiba, avant de se faire sortir de la salle.

De retour après la pause déjeuner, le Yéménite n'a pu s'empêcher une nouvelle fois de s'exprimer à haute voix au moment où le colonel John Bogdan, commandant de la prison, avançait des preuves à la barre.

«Désolé, mais je dois partir. Le type à côté de vous est un criminel de guerre», a lancé Ben al-Shaiba au juge, en référence au colonel Bogdan.

L'accusé, dont les avocats assurent qu'il est sain d'esprit, s'est fait escorter vers la sortie par deux gardiens de sécurité et a été conduit dans la cellule de détention du tribunal.

Une demande pour qu'il soit autorisé à retourner au Camp 7, où il est généralement détenu, a été refusée par le juge.

Cette audience préliminaire, en préparation du procès contre les cinq co-accusés qui aura lieu en 2015, était retransmise par vidéo à la base militaire de Fort Meade dans le Maryland.