Le propriétaire d'un site internet de «porno vengeur», qui publiait des photos nues d'individus à leur insu et réclamait de l'argent pour les retirer du site, a été arrêté et emprisonné mardi à San Diego, a annoncé la justice californienne.

Kevin Christopher Bollaert, 27 ans, aurait extorqué des dizaines de milliers de dollars à travers deux sites internet où il a encouragé la publication de plus de 10 000 photos intimes, selon un communiqué de la procureure de Californie Kamala Harris.

Le jeune homme a été inculpé de 31 chefs d'accusation, parmi lesquels vol d'identité et extorsion. En cas de condamnation, il risque des amendes et de la prison ferme, précise Mme Harris.

Selon les résultats d'une enquête de six mois, M. Bollaert avait créé en décembre 2012 le site ugotposted.com, qui permettait de publier anonymement des photos nues ou à caractère sexuel de personnes, sans leur consentement préalable.

Circonstance aggravante, la publication des photos devait nécessairement être accompagnée de l'identité de la personne représentée, avec son nom complet, son adresse, son âge et son éventuel profil Facebook.

Sur un deuxième site, changemyreputation.com, l'accusé proposait aux personnes représentées sur les photos de retirer les clichés compromettants, moyennant rétribution - entre 300 et 350 dollars.

Le compte bancaire lié à ce dernier site contenait «des dizaines de milliers de dollars», selon le communiqué.

«Le site publiait des photos intimes de victimes innocentes et transformait leur humiliation publique et leur trahison en marchandise», déplore Mme Harris. «Les prédateurs du web qui pratiquent l'extorsion à partir de photos privées feront l'objet d'enquêtes et seront poursuivis pour cette activité illégale et répréhensible».

La justice californienne est en pointe sur le phénomène du «porno vengeur», qui consiste généralement, pour un ex-partenaire, à publier des photos intimes de son ex-conjoint pour se venger de la séparation.

Début octobre, l'État avait promulgué une loi rendant la publication de «porno vengeur» sur internet passible d'une peine de six mois de prison.