La Marine américaine a déployé à Okinawa (Japon) son tout nouvel avion de surveillance et de lutte anti-sous-marine, en pleine montée de tensions après l'instauration par Pékin d'une zone aérienne d'identification, a affirmé lundi une de ses responsables.

Deux premiers P-8 Poseidon, qui avaient décollé vendredi de Floride (sud-est des États-Unis), sont arrivés sur la base de Kadena, située sur l'île d'Okinawa. Ils devraient être rejoints dans les jours à venir par quatre appareils supplémentaires, selon cette responsable s'exprimant sous couvert de l'anonymat.

Ce déploiement était «prévu depuis longtemps» et vise à remplacer les vieux P-3 Orion en fin de vie, selon cette responsable. Il n'est donc pas lié à l'instauration par Pékin d'une zone aérienne d'identification (ZAI) au-dessus de la mer de Chine orientale. Mais en déployant ce tout nouveau matériel, Washington renforce ses capacités dans cette zone qui couvre les îles Senkaku --Diaoyu pour la Chine-- au centre des tensions entre Tokyo et Pékin.

Le P-8 Poseidon entre à peine en service opérationnel. Construit à partir de la structure d'un Boeing 737, il dispose d'une autonomie et d'un rayon d'action accrus par rapport au P-3 et emporte torpilles et missiles anti-navires.

Le Japon, la Corée du Sud et les États-Unis ont chacun fait voler des avions dans la zone aérienne d'identification la semaine passée, sans en informer les Chinois, pour montrer qu'ils ne reconnaissaient pas cette ZAI chinoise, conduisant Pékin à envoyer des chasseurs à la rencontre de ces appareils.

Un porte-parole du Pentagone, le colonel Steven Warren, a toutefois noté lundi que la réaction des autorités chinoises aux vols américains dans la zone restait habituelle et «normale», plaidant que les vols américains se poursuivaient comme de coutume.

De nombreux experts estiment que la ZAI s'inscrit dans une démarche chinoise visant à affirmer peu à peu son rang de superpuissance politique, diplomatique et militaire, face à Washington qui, dans le cadre de sa stratégie dite de «pivot» vers l'Asie, entend renforcer ses moyens militaires dans le Pacifique.

Le vice-président américain Joe Biden est arrivé lundi à Tokyo, première étape d'une tournée qui le conduira ensuite en Chine et en Corée du Sud et qui risque d'être dominée par les tensions provoquées par la ZAI.