Barack Obama a relevé vendredi le «leadership» du roi du Maroc Mohammed VI en matière de démocratisation et discuté avec lui de la lutte contre l'«extrémisme violent», pour leur première rencontre à Washington.

Le président américain «a salué les mesures prises par Sa Majesté le roi et son leadership dans l'approfondissement de la démocratie, des progrès économiques et du développement humain au cours de la décennie écoulée», selon une déclaration commune diffusée par la Maison-Blanche.

De même source, les deux dirigeants, lors d'entretiens au siège de la présidence américaine, se sont engagés à «oeuvrer ensemble à concrétiser les promesses de la Constitution marocaine de 2011 et à étudier la façon dont les États-Unis peuvent aider à renforcer les institutions démocratiques (et) la société civile» au Maroc.

En particulier, M. Obama a «salué l'engagement du roi à mettre fin aux pratiques de procès de civils devant la justice militaire», allusion aux promesses émises à Rabat après la condamnation début 2013 à de lourdes peines, par une cour militaire, de 25 Sahraouis pour le meurtre de 11 membres des forces de l'ordre à Gdim Izik près de Laâyoune au Sahara occidental.

La visite du souverain alaouite est intervenue alors que la question du Sahara a provoqué des frictions cette année entre Washington et Rabat et que des organisations de défense des droits de l'homme ont exhorté M. Obama à plaider auprès de son invité en faveur de réformes au Maroc qui iraient «au-delà de la rhétorique».

Selon le communiqué commun, les deux dirigeants ont «insisté sur leur engagement commun à améliorer les vies des habitants du Sahara occidental et se sont mis d'accord pour oeuvrer ensemble à continuer à protéger et promouvoir les droits de l'homme dans (ce) territoire».

Le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, a été annexé en 1975 par le Maroc. Le Front Polisario, soutenu par l'Algérie, réclame l'indépendance de ce territoire via un référendum d'autodétermination alors que Rabat a proposé en 2007 un plan de large autonomie, mais conservant tous «les attributs de souveraineté, notamment le drapeau, l'hymne national et la monnaie».

Soutien au plan marocain pour le Sahara

En avril, les États-Unis avaient un temps proposé que le mandat de la mission des Nations unies dans la région, la Minurso, soit élargi aux droits de l'homme. Mais ce projet avait été vivement contesté par Rabat, qui avait décidé de reporter sine die un important exercice militaire bilatéral.

«Le président a promis de continuer à soutenir les efforts destinés à trouver une solution pacifique, durable et acceptée mutuellement, à la question du Sahara occidental», selon l'exécutif américain.

Celui-ci a rappelé son soutien au plan d'autonomie marocain pour le Sahara, le qualifiant de «sérieux, réaliste et digne de foi». Ce plan «représente une approche potentielle qui peut satisfaire les aspirations des habitants du Sahara occidental pour diriger leurs propres affaires dans la paix et la dignité», selon la même source.

M. Obama et le monarque ont aussi évoqué la lutte contre la prolifération nucléaire et l'antiterrorisme. «Les États-Unis ont l'intention de poursuivre leur coopération (...) pour contrer la menace de l'extrémisme violent dans la région», selon le texte, qui n'est pas entré dans les détails de cette coopération.

Il s'agissait de la première visite du roi à la Maison-Blanche depuis 2004, quand il avait été reçu par le prédécesseur de M. Obama, George W. Bush.

L'organisation Human Rights Watch avait demandé à M. Obama de plaider auprès de son invité en faveur des droits de l'homme.

«Des dizaines, peut-être des centaines, de personnes --des islamistes, des jeunes manifestants dans les rues et des militants du Sahara occidental-- demeurent en prison après des procès inéquitables, et la police a recours à un usage excessif de la force pour disperser les manifestations et à la violence pour extorquer des aveux», a accusé HRW dans un communiqué.

Le Maroc fait partie depuis 2004 des «alliés majeurs non-OTAN» des États-Unis, un statut privilégié qui permet notamment la levée de restrictions sur des ventes d'armements.