Le résultat des nombreuses élections qui se déroulaient mardi aux États-Unis pourrait jeter un éclairage nouveau sur l'opinion des Américains dans divers dossiers d'actualité comme les dépenses du gouvernement, la réforme de la santé et l'idéologie des partis.

Les stratèges des partis démocrate et républicain estiment toutefois que les tendances politiques auront peu d'impacts sur les électeurs appelés à choisir un maire ou un gouverneur, mardi. Selon eux, l'issue des courses sera plutôt déterminée par la personnalité des candidats et les enjeux locaux.

À New York, le candidat démocrate Bill de Blasio, qui a déjà travaillé pour Bill et Hillary Clinton et profite du soutien du président Barack Obama, est le favori pour remporter la course à la mairie. Il affronte le républicain Joe Lhota, un ancien bras droit de l'ex-maire Rudolph Giuliani et ancien dirigeant de la société des transports de New York (MTA).

M. De Blasio jouit d'une avance considérable dans les sondages et risque de devenir le premier maire démocrate élu dans la Grosse Pomme en plus de 20 ans. Ce scrutin signifie la fin du règne de 12 ans du célèbre Michael Bloomberg, qui est maintenant âgé de 71 ans. M. Bloomberg affirme qu'une fois son successeur élu, il partira en vacances pour la première fois de sa vie.

Les politiques de M. Bloomberg ont aidé New York à se hisser parmi les villes les plus prospères et sûres des États-Unis, mais elles pourraient aussi avoir contribué à accroître les inégalités de revenus. Les sondages laissent croire que la plupart des résidants apprécient son bilan, mais qu'ils ont aussi soif de changement.

M. De Blasio, lui, affirme qu'il tournera la page sur les années Bloomberg, en haussant les taxes des plus fortunés pour financer l'éducation universelle des enfants dès le plus jeune âge. Le candidat, marié à une Afro-Américaine et père de deux adolescents, souhaite aussi améliorer les relations entre les New-Yorkais et les policiers.

Les électeurs de Detroit, une ville habitée à 80% par des Afro-Américains, pourraient fort bien confier les clés de leur hôtel de ville à un maire blanc. Mike Duggan, un ancien cadre de la santé publique, mène dans les sondages face à son adversaire noir Benny Napoleon, le shérif du comté de Wayne. Le maire sortant, Dave Bing, a choisi de ne pas solliciter de nouveau mandat.

Les pouvoirs du futur maire de Detroit seront toutefois fortement balisés puisque la ville a été placée sous tutelle, en juillet. Detroit croule sous une dette de 18 milliards $ US, surtout attribuable aux caisses de retraite et aux assurances maladie de ses employés.

Le futur maire de Detroit aura une foule de problèmes à régler. La population de la ville, qui s'élevait à 1,8 million d'habitants en 1950, n'est plus que de 700 000 personnes, dont une forte proportion vit avec un faible revenu. L'état des services publics est lamentable, la ville est ravagée par la violence et la criminalité et un nombre incalculable d'édifices sont en ruines.

Les élections des gouverneurs du New Jersey et de la Virginie risquent d'accentuer les divisions au sein du Parti républicain, où les élus modérés et ceux proches du Tea Party sont à couteaux tirés.

Une victoire républicaine au New Jersey, un État traditionnellement démocrate, et une défaite en Virginie, un État plus imprévisible, pourraient convaincre le Parti républicain d'adopter une approche plus pragmatique et de délaisser le dogmatisme pour séduire les électeurs.

Au New Jersey, le très populaire gouverneur Chris Christie, qui pourrait éventuellement briguer la présidence des États-Unis, l'a emporté facilement. Il a récolté 48,5% des voix, contre 44,9% à son adversaire, la démocrate Barbara Buono, une sénatrice locale peu connue.

Plus au sud, en Virginie, le président du Parti démocrate, Terry McAuliffe, était en avance mardi soir sur le républicain Ken Cuccinelli, l'un des préférés du Tea Party. M. Cuccinelli pourrait payer le prix de la récente paralysie du gouvernement fédéral, que la population impute majoritairement au Parti républicain.