Chris Christie pourrait-il être le sauveur des républicains en 2016? Avant même la réélection mardi de cette forte personnalité, gouverneur du New Jersey, les spéculations ont repris, trois ans avant la prochaine élection présidentielle américaine.

Christie, 51 ans, gouverneur depuis janvier 2010, devrait mardi écraser son adversaire démocrate Barbara Buono. 94 % des républicains, 64 % des indépendants, et même 30 % des démocrates de son État ont l'intention de lui offrir un deuxième mandat, selon un sondage Quinnipiac, lui accordant 61 % des intentions de vote.

Cette capacité à rassembler et à gagner dans un État démocrate n'a pas échappé à certains stratèges et experts, alors que les républicains, profondément divisés, sont passés à 63 % d'opinions défavorables au niveau national après la récente crise du budget à Washington poussée par leur faction la plus extrême du Tea party.

Mitt Romney, candidat républicain malheureux en 2012 n'a pas hésité : Christie peut «sauver notre parti», a-t-il lancé dimanche.

«Paul Ryan, Jeb Bush, Marco Rubio - il y a une longue liste de gens très capables. Mais Chris Christie se détache comme l'une des lumières les plus fortes du parti républicain», a déclaré Romney, lors de l'émission politique «Meet the press». «Chris pourrait facilement devenir notre candidat et sauver le parti et aider ce pays à retrouver le bon chemin. Il n'y a personne de mieux», a-t-il ajouté.

Un franc-parler qui plait

Jusqu'à présent, l'intéressé, républicain modéré connu pour son franc-parler, son énergie et sa capacité d'empathie, a éludé la question de la Maison-Blanche.

Mais chacune de ses décisions est passée au décodeur politique.

En février dernier, cet obèse infatigable se fait poser un anneau gastrique pour perdre du poids. «Une question de santé à long terme», affirme-t-il. «Maison-Blanche 2016» susurrent les commentateurs.

Peu après l'ouragan Sandy, il déambule en veste polaire sur les côtes ravagées de son État aux côtés du président Obama, juste avant l'élection présidentielle. L'aile dure de son parti s'étrangle de rage, mais sa cote de popularité grimpe.

En janvier 2013, il étrille la majorité républicaine à la Chambre des représentants, pour avoir mis des semaines à voter une aide financière pour les victimes de Sandy. Fin mai, il est encore aux côtés du président Obama venu saluer les progrès de la reconstruction sur la côte de son État.

Certains auraient aimé qu'il se lance dans la course présidentielle face à Obama en 2012, mais M. Christie, élu gouverneur en 2009, avait alors décliné. Ce qui ne l'a pas empêché d'être l'un des orateurs phares à la convention républicaine l'an dernier. Un nouveau livre publié cette semaine, Double Down affirme que Mitt Romney n'en aurait pas voulu comme candidat à la vice-présidence, notamment en raison de son surpoids.

Christie, marié et père de 4 enfants, est hostile à l'avortement, mais n'en parle que rarement. Il est également opposé au mariage des homosexuels, mais a accueilli avec pragmatisme la décision d'une juge exigeant que ces mariages soient autorisés dans son État. Il a d'abord fait appel, puis a retiré son appel le 21 octobre, le jour même où étaient célébrés les premiers mariages, estimant qu'il n'avait aucune chance de gagner.

Il a de la même façon signé une loi renforçant les contrôles des armes dans son État après le massacre de Sandy Hook en décembre dernier.

Et ces derniers jours, il a reconnu que sa réélection enverrait un message dépassant son seul État.

«Je ne m'y prépare pas. Mais je pense que c'est inévitable», a-t-il déclaré à une journaliste de NBC, Kelly O'Donnell, qui lui demandait s'il se préparait à un message «dépassant le New Jersey».

«Les gens regardent les élections, et essaient de discerner ce qu'elles veulent dire (...) pour l'avenir. Et je pense que ce que les gens vont voir est tellement inhabituel par rapport à ce que notre parti a créé ces deux dernières années qu'ils vont en tirer des leçons», a-t-il ajouté. «Et j'espère qu'ils le feront».