Des millions de  New-Yorkais étaient appelés aux urnes mardi pour élire un nouveau maire avec un candidat très marqué à gauche, Bill de Blasio, en position de grand favori pour succéder au milliardaire Michael Bloomberg.

Tous les sondages indiquent que cet Italo-américain, un démocrate de 52 ans marié à une Afro-américaine, qui a promis un changement radical, va écraser son adversaire républicain Joseph Lhota: la dernière enquête, publiée lundi par NBC et le Wall Street Journal, lui donnait 41 points d'avance.

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«Big Apple», la plus grande ville américaine avec 8,3 millions d'habitants, compte six fois plus d'électeurs démocrates que de républicains, mais n'a plus élu de maire démocrate depuis 1989.

Après Rudolph Giuliani (1994-2001) et Michael Bloomberg (2002-2013), Bill de Blasio s'est positionné comme un «progressiste, fier de l'être», défenseur des classes moyennes, des familles et des minorités.

Il a dénoncé jour après jour les inégalités à New York, la ville qui compte le plus de milliardaires au monde mais dont 21% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.

Au dernier jour de la campagne, il a exhorté ses partisans à ne pas se démobiliser en croyant la victoire acquise. «Vous devez aller dans chaque quartier dire aux gens à quel point cette élection est importante», leur a-t-il lancé depuis sa maison de Brooklyn.

«Assez d'immeubles de luxe»

Lors de l'un de ses derniers meetings de campagne, samedi à Manhattan, sa femme Chirlane McCray à ses côtés, Bill de Blasio a rappelé ses principaux engagements: des impôts plus lourds pour les New-Yorkais les plus riches, afin de financer l'école maternelle pour tous à partir de quatre ans et des programmes péri-scolaires le soir au collège, la construction de 200 000 logements sociaux, le maintien des hôpitaux de quartier, et le remplacement du chef de la police Ray Kelly.

«Nous avons assez d'immeubles de luxe», a-t-il insisté devant une audience d'une centaine de femmes, leur rappelant qu'il était aussi pour le droit à l'avortement, pour des jours de congé pour enfant malade, et pour des salaires égaux entre les femmes et les hommes.

Mais il a aussi pris garde de ne pas s'aliéner le monde des affaires et de l'immobilier, principales sources de richesse à New York.

Médiateur élu de New York depuis 2010, ancien manager de campagne d'Hillary Clinton quand elle s'est présentée au Sénat en 2000, ce géant d'1m95 qui plaisante volontiers, semble être l'antithèse de l'actuel maire Michael Bloomberg, milliardaire froid qui n'a pas pris un jour de congé en 12 ans de mandat.

Bill de Blasio a largement mis en avant sa famille, sa femme, mais aussi leur fils Dante, 16 ans, coupe afro inratable, et leur fille Chiara, 18 ans.

Il semble aujourd'hui en adéquation avec New York, une ville multiraciale, à 33,3% blanche (hors hispaniques), 25,5% noire, 28,6% hispanique et 12,7% asiatique.

Les inégalités y sont les plus fortes des Etats-Unis et, après les années Bloomberg, les New-Yorkais aspirent au changement même s'ils estiment généralement que le maire sortant a fait du bon travail, notamment pour réduire l'insécurité.

M. Bloomberg s'est refusé à soutenir l'un ou l'autre candidat à sa succession, même s'il a dénoncé le «populisme» de Bill de Blasio.

Photo AFP

Bill de Blasio