La Cour suprême américaine est apparue favorable mardi à la confirmation de l'interdiction de la discrimination positive par la loi d'un État, comme c'est le cas dans le Michigan et dans une dizaine d'autres États américains.

Au pied des marches de la haute Cour, quelque 200 manifestants, en majorité des jeunes noirs et hispaniques, s'étaient massés pour «défendre la discrimination positive», comme on pouvait le lire sur une large banderole.

Il y a à peine plus de trois mois, la haute Cour avait déjà fixé des limites à l'usage des quotas raciaux à l'Université du Texas. Mais cette fois, dans cette affaire qui se déroule au Michigan, elle s'intéresse à son interdiction dans la législation d'un État.

Elle s'est concentrée sur le processus politique qui a conduit les électeurs du Michigan à adopter un amendement constitutionnel qui interdit le recours aux facteurs de race et de sexe pour les admissions dans l'éducation supérieure.

Le ministre de la Justice du Michigan, Bill Schuette, lui réclame de valider sa «proposition 2», adoptée en 2006 mais qu'une cour d'appel a invalidée.

Cette disposition interdit aux universités publiques, aux écoles et aux recruteurs pour des emplois publics de «discriminer ou d'accorder un traitement préférentiel à tout individu ou groupe en fonction de la race, du sexe, de la couleur de peau, de l'ethnie ou de l'origine».

Les plaignants, une Coalition d'organisations de défense de la discrimination positive, et 17 anciens étudiants, considèrent que cette réforme est une violation de la Constitution des États-Unis, en l'occurrence de sa clause sur l'égalité des droits.

Le président de la Cour, le conservateur John Roberts, a estimé que cette clause visait précisément à «enlever le facteur race de la table».

«Le 14e Amendement protège toutes les races (...)  et pas seulement les Noirs», a renchéri le conservateur Antonin Scalia.

Du côté des juges progressistes, Sonia Sotomayor, l'enfant du Bronx d'origine portoricaine, était la plus virulente à défendre «la discrimination positive qui favorise la diversité», estimant que la loi du Michigan changeait «les règles du jeu». «Vous ne pouvez pas enlever un outil de diversité simplement parce que vous changez de plan», a-t-elle lancé.

John Bursch, l'avocat du Michigan, s'est efforcé de montrer que la représentation des minorités sur les campus de l'État était «plus élevée» qu'auparavant.

Ce qu'ont démenti les défenseurs de la discrimination positive. «Regardez les écoles de droit, médicales dans le Michigan, il y a eu une chute vertigineuse, nous retournons au temps de la ségrégation», a plaidé Shanta Driver pour la Coalition.

Avec la loi du Michigan, «la race est devenue un mot sale», a renchéri Mark Rosenboum l'avocat des étudiants plaignants.

Devant les manifestants, Mme Driver a espéré que «l'aile gauche de la Cour se réveillerait».

Pour l'expert Brian Soucek, professeur à la UC Davis School of law en Californie, «l'impact de cette décision pourrait retentir bien au-delà des universités du Michigan».

Car la «proposition 2» avait été approuvée sur le modèle de la «proposition 209» de la constitution californienne, votée en 1996. Outre le Michigan et la Californie, sept autres États ont interdit la discrimination positive dans leur législation: l'Arizona, la Floride, le Nebraska, le New Hampshire, l'Oklahoma et l'État de Washington.

Le Michigan était en outre soutenu par l'Alabama et la Virginie occidentale qui pourraient envisager de prendre leur suite.

Comme l'an dernier, la juge progressiste Elena Kagan, ancienne ministre américaine de la Justice, s'est récusée en raison d'un conflit d'intérêt lié à ses précédentes fonctions. Ce dossier sera donc tranché à huit juges, trois progressistes et cinq conservateurs. Leur décision n'est pas attendue avant le printemps.