Le gouverneur de l'État américain du Missouri a annoncé vendredi la suspension d'une exécution programmée le 23 octobre, en raison d'une controverse sur le produit que les autorités pénitentiaires voulaient utiliser pour mettre à mort les condamnés.

«En tant que gouverneur, ma préoccupation est d'assurer que justice soit rendue et que la santé publique soit protégée», a écrit le governeur Jay Nixon dans un communiqué. «J'ai ordonné aux autorités pénitentiaires qu'elles ne procèdent pas à l'exécution d'Allen Nicklasson prévue le 23 octobre», a-t-il poursuivi, ajoutant que la procédure d'exécutions de l'État du Missouri devrait être modifiée «pour l'assortir d'une différente forme d'injection létale».

Une fois sa décision appliquée, une nouvelle date d'exécution sera fixée. Le gouverneur n'a pas donné de précision sur une autre exécution programmée dans l'État, le 20 novembre.

Pénurie de barbituriques

Le Missouri, comme plusieurs autres États américains, se trouve confronté à une pénurie de barbituriques pour conduire ses exécutions, et n'a d'autre choix que de se tourner vers d'autres produits ou fournisseurs, faute de fabricants pour reconstituer ses stocks.

Le Missouri avait adopté le propofol, l'anesthésiant qui a tué Michael Jackson, mais s'est vu contraint cette semaine de rendre les fioles qu'il avait achetées auprès d'un distributeur d'un fabricant allemand, qui refuse d'être associé à des exécutions.

Le fabricant Fresenius Kabi a fait savoir que l'Union européenne avait menacé d'interdire les exportations de propofol si l'anesthésiant était utilisée pour le châtiment suprême, faisant redouter des conséquences sur la distribution de ce produit, en majorité fabriqué dans des pays européens et massivement utilisé aux États-Unis pour les opérations chirurgicales.

Chambre à gaz

Selon la presse locale, des élus du Missouri proposent de construire une nouvelle chambre à gaz, cette méthode d'exécution - utilisée pour la dernière fois en 1965 - étant toujours possible dans l'État.

La plupart des autres États pratiquant la peine de mort se tournent vers des sociétés de préparation en pharmacie, dont les produits ne sont pas agréés au niveau fédéral, créant une controverse et une multiplication des recours en justice de prisonniers craignant de mourir dans des souffances atroces.

Le Missouri a exécuté 68 condamnés depuis le rétablissement de la peine capitale aux États-Unis en 1976, la dernière remontant au 9 février 2011.