Ballon d'essai ou promesse en béton? À défaut de trouver une solution à la paralysie partielle de l'État fédéral qui s'est poursuivie hier pour la troisième journée, le président de la Chambre des représentants, John Boehner, a signalé sa volonté d'éviter à son pays une autre crise, à savoir un défaut de paiement.

Au cours d'une rencontre avec ses troupes, le chef républicain a annoncé que le plafond de la dette publique américaine, actuellement à 16 700 milliards de dollars, sera relevé avec le soutien de démocrates et de républicains. Un tel accord permettrait aux États-Unis d'éviter de se retrouver en défaut de paiement, une situation «potentiellement catastrophique», selon un rapport du Trésor américain.

Reste à voir si John Boehner était sincère.

Sortie d'Obama

L'annonce du président de la Chambre à ses collègues républicains est survenue après la publication du rapport du Trésor et une sortie en règle de Barack Obama contre lui. Dans un discours à Rockville, au Maryland, le président a imputé à John Boehner la responsabilité de la fermeture partielle des services fédéraux américains.

«Votez, arrêtez cette comédie et mettez fin à cette paralysie!», a-t-il lancé au cours d'une allocution dans une PME.

«La seule chose qui paralyse l'État, la seule chose qui empêche les gens de revenir travailler, la recherche fondamentale de redémarrer et les PME d'obtenir des prêts, la seule chose qui empêche cela de se produire dans les cinq prochaines minutes est que John Boehner ne veut même pas autoriser un vote sur le projet de loi [budgétaire], parce qu'il ne veut pas s'aliéner les extrémistes de son parti», a ajouté le président.

Barack Obama a également répété qu'il n'avait pas l'intention de négocier avec les républicains pour obtenir le relèvement du plafond de la dette.

Dans son rapport, le Trésor a décrit en ces termes les conséquences d'un défaut de paiement, une situation sans précédent aux États-Unis: «Le marché du crédit pourrait geler, la valeur du dollar, plonger, et les taux d'intérêt américains, monter en flèche, conduisant à une crise financière et à une récession qui rappelleraient les événements de 2008, voire pire.»

Quelques heures plus tard, le New York Times et le Washington Post ont fait état du souhait exprimé par John Boehner devant ses collègues de voir le plafond de la dette relevé avec l'aide de démocrates. Un tel scénario ne manquerait pas de susciter la colère des élus républicains les plus conservateurs, qui ont jusqu'ici dicté au président de la Chambre la marche à suivre dans le bras de fer budgétaire.

Un ballon d'essai

D'où l'impression que l'annonce de John Boehner n'était qu'un ballon d'essai. Une impression renforcée plus tard dans la journée par les explications de son porte-parole. Celui-ci a déclaré que le relèvement du plafond de la dette devait être précédé d'une entente négociée sur «des coupes budgétaires et des réformes».

Comme le président Obama a refusé de négocier avec les républicains avant le relèvement du plafond de la dette, l'annonce de John Boehner ne représente peut-être aucun changement par rapport à sa position des dernières semaines.

Quoi qu'il en soit, les républicains de la Chambre des représentants ont poursuivi hier leur stratégie de voter des mini-lois de finances pour rouvrir les services fédéraux un par un, histoire d'atténuer les désagréments de la paralysie de l'État.

Mais le Sénat à majorité démocrate refuse toujours de collaborer avec eux, réclamant un projet budgétaire finançant l'ensemble des activités du gouvernement américain et laissant intacte la loi sur la santé de Barack Obama.

Hier soir, la Maison-Blanche a annoncé que le président Obama annulait toute sa tournée en Asie la semaine prochaine en raison de la crise budgétaire.