L'auteur de la fusillade de Washington, qui a abattu 12 personnes avant d'être tué lundi, «errait» sans direction dans le bâtiment de la Marine à la recherche de «gens à abattre», a révélé jeudi le directeur du FBI, James Comey, dans un premier récit détaillé de la tuerie.

Aaron Alexis, dont les troubles comportementaux et psychiatriques ont émergé après la fusillade, «semblait se déplacer sans direction ni objectif particuliers», selon les enregistrements vidéo, a déclaré le tout nouveau patron de la police fédérale lors d'une rencontre avec plusieurs médias, dont l'AFP.

M. Comey a livré la première chronologie de la fusillade, trois jours après les faits, précisant que le FBI cherchait «à mieux comprendre la vie du tireur et ses motivations».

Il a raconté qu'Aaron Alexis, 34 ans, était entré, vers 8 h lundi matin, dans le bâtiment 197 de l'US Navy «en portant un sac, était monté au 4e étage du bâtiment, s'était rendu aux toilettes et en était ressorti sans le sac, mais avec un fusil Remington 870».

«L'arme avait été coupée des deux côtés», a-t-il précisé, et le tireur était entré avec son badge de sous-traitant, travaillant dans l'immeuble pour rénover le serveur internet.

Cet ancien de la Marine, qui avait manifesté par le passé des symptômes de délires psychotiques, «est sorti des toilettes quelques minutes après 8 h, et a commencé à tirer presque immédiatement».

«Il errait comme quelqu'un qui chasse des gens pour les abattre. Il a tiré sur plusieurs personnes au 4e étage, au 3e étage, puis il est descendu au rez-de-chaussée et a abattu un gardien, lui a pris son arme, un pistolet semi-automatique Beretta, et a continué à aller et venir dans le bâtiment».

«Il ne semblait pas chercher quelqu'un en particulier ni (cibler) un groupe quelconque», a ajouté le directeur. «Les gens couraient de partout pour se protéger», certains ont été tués dans le couloir, d'autres dans les bureaux, un autre est mort dehors, «abattu depuis l'intérieur».

Abattu après une demi-heure

James Comey a confirmé que le jeune homme était «une personne qui avait des problèmes mentaux», ce qui pourrait suggérer qu'il n'avait pas de réelles motivations.

«À un moment, il a manqué de munition» - qu'il portait dans une poche latérale sur son pantalon - «alors il a commencé à tirer avec l'arme qu'il avait prise sur le gardien tué», a poursuivi le chef du FBI. «Et cela a continué ainsi jusqu'à l'arrivée des forces de l'ordre», jusqu'à ce qu'Alexis soit ensuite «coincé et, après un échange soutenu de tirs, abattu et, de toute évidence, tué sur les lieux».

M. Comey n'a pas pu dire combien de temps Alexis était resté «isolé et coincé» par les forces de l'ordre, mais il a estimé à «peut-être un peu plus d'une demi-heure» le temps écoulé entre le premier appel aux secours et le moment où le tireur est mort.

D'autres questions demeurent, qui devraient trouver une réponse dans la boîte électronique d'Alexis, dans sa chambre d'hôtel ou dans son passé erratique.

M. Comey n'a pas pu préciser combien de balles avaient atteint le tireur, ni s'il avait été tué par un ou plusieurs policiers, ni par quel corps de police.

Il a écarté toute hypothèse de complot alors que les enquêteurs s'étaient demandé, au moment de la fusillade, s'il y avait d'autres tireurs. «Il y avait beaucoup de confusion, car de nombreuses personnes de bonne intention se sont précipitées avec beaucoup d'armes, là où ils entendaient les coups de feu».

Le patron du FBI a précisé que ses équipes diraient si «des (...) signaux d'alerte», tels que ceux évoqués par le ministre de la Défense Chuck Hagel, «pourraient être détectés pour empêcher ce genre de tragédies».