Le mystère reste entier sur les motivations d'Aaron Alexis, qui a traumatisé Washington lundi matin en abattant 12 personnes dans un immeuble de la marine américaine avant d'être tué par la police.

«Qu'est-ce qui a poussé cet individu à tuer autant d'hommes et de femmes innocents?» a demandé Ronald Machen, procureur fédéral du district de Columbia, lors d'une conférence de presse à l'extérieur des bureaux du FBI, hier après-midi.

L'homme de loi n'a pas répondu à sa question.

«Nous continuons à interroger des gens, à chercher sur l'internet et à exploiter toutes les pistes que nous avons pour retracer ses derniers déplacements et trouver les motifs de cet assaut», a déclaré de son côté Valerie Parlave, directrice adjointe du bureau du FBI de Washington.

En attendant, une chose au moins est certaine: Aaron Alexis n'aurait pas dû obtenir une accréditation lui donnant accès au complexe militaire de Washington. Que ce soit dans le civil ou dans la marine, le tireur de 34 ans avait eu de nombreux démêlés avec les autorités qui auraient dû convaincre son employeur de son inaptitude à travailler à un tel endroit.

Ses parents avaient en outre fait état d'un trouble de stress post-traumatique dont il aurait souffert depuis les attentats du 11 septembre 2001. Et un rapport établi récemment par la police de Newport, au Rhode Island, laisse croire qu'il était atteint de paranoïa et de délire.

«Il se plaignait d'entendre des voix» et d'être incapable de dormir en raison des "vibrations" que des gens lui transmettaient, a écrit l'auteur du rapport après avoir rencontré Aaron Alexis à l'hôtel où il se trouvait, le 7 août.

Une copie du rapport avait été envoyée à la base navale de Newport, où le sous-traitant était sous contrat.

Embauché en tant qu'informaticien chez Hewlett-Packard, Aaron Alexis devait commencer sous peu à travailler en sous-traitance à la Navy Yard de Washington, où il avait été chargé de mettre à jour l'intranet de la marine.

Lundi matin, il est arrivé sur les lieux armé d'un fusil acheté légalement en Virginie quelques jours plus tôt. Selon la police, il a probablement eu accès à une autre arme à feu - un pistolet - après avoir abattu un agent de sécurité.

Bouddhiste

Des connaissances d'Aaron Alexis ont été renversées en apprenant qu'il était le tireur responsable de la tuerie de Washington.

À Fort Worth, au Texas, où il a vécu au cours des dernières années, il s'était converti au bouddhisme et avait approfondi sa passion pour la culture thaïlandaise en travaillant notamment dans un restaurant spécialisé dans la cuisine thaïe.

Mais cet homme parfois doux, généreux et souriant pouvait aussi être instable et violent.

En 2007, il a été arrêté à Seattle après avoir tiré dans les pneus de la voiture d'un homme soi-disant irrespectueux, dans un «accès de rage folle». En 2010, à Fort Worth, il a tiré dans le plafond de son appartement après s'être plaint du bruit que faisait sa voisine d'en haut. Il a par la suite juré avoir ouvert le feu par accident en nettoyant son arme.

Stress post-traumatique

Enrôlé dans la marine en 2007, il a par ailleurs été démobilisé en 2011 après de multiples problèmes de discipline, dont plusieurs absences non autorisées.

Son père avait attribué une partie de ses problèmes de comportement à un trouble de stress post-traumatique découlant de son rôle prétendu de secouriste après les attentats contre les tours du World Trade Center.

Quoi qu'il en soit, plusieurs employés du complexe de la US Navy à Washington se sont demandé comment Aaron Alexis avait pu être accrédité pour y travailler.

«Je ne comprends pas comment Hewlett-Packard a pu fermer les yeux sur toutes les informations que les médias révèlent depuis la fusillade», a déclaré David Berlin, un employé civil de la US Navy, en retournant sur la base militaire, hier matin.

Aaron Alexis, sur une photo fournie par son ancien colocataire.

Un rapport gênant

Les coupes budgétaires du Pentagone ont compromis la sécurité des bases militaires américaines, conclura un rapport en cours de rédaction de l'Inspection générale du ministère de la Défense. Selon l'hebdomadaire Time, ces réductions compromettent notamment la capacité de la marine américaine de vérifier de façon efficace les antécédents de sous-traitants qui travaillent dans ses bases, dont celle de Washington.

Pas moins de 52 personnes condamnées au criminel ont pu obtenir des accréditations pour travailler dans sept des installations étudiées, conclura également le rapport. Peu après la publication sur l'internet de l'exclusivité du Time, le chef du Pentagone Chuck Hagel a annoncé son intention d'ordonner des audits de sécurité pour toutes les installations de la Défense américaine dans le monde.

La fusillade de Washington est la deuxième fusillade de masse dans une base militaire américaine depuis 2009.