La police cherchait mardi à déterminer les motivations de l'homme au passé tourmenté qui a tué 12 personnes à Washington dans un immeuble de bureaux de la Marine américaine.

Au lendemain du drame, «nous sommes passés de la phase de crise à celle de l'enquête», a annoncé le procureur de la ville, Ronald Machen.

Il a prédit «des semaines, des mois» d'investigations pour comprendre comment cette fusillade en plein coeur de la capitale fédérale - la plus importante sur une implantation militaire depuis l'assassinat de 13 militaires à Fort Hood, au Texas, en 2009 - a pu se produire.

Problèmes de santé mentale

L'ancien réserviste responsable de la fusillade entendait des voix et avait été traité pour des problèmes de santé mentale dans les semaines ayant précédé la fusillade, mais n'avait pas été dépouillé de son habilitation de sécurité, ont révélé mardi des responsables.

Aaron Alexis, un spécialiste des technologies de l'information à l'emploi d'un sous-traitant du département de la Défense, a utilisé une carte d'accès valide pour entrer dans la base hautement surveillée lundi matin avant d'ouvrir le feu dans l'un des édifices, a indiqué le FBI. L'homme de 34 ans a été abattu dans un échange de tirs avec la police.

Des représentants des autorités ont raconté sous le couvert de l'anonymat qu'Alexis n'avait pas de lien connu avec un réseau terroriste et que les investigateurs n'avaient trouvé aucun manifeste ou document pouvant laisser entendre que l'attaque avait été lancée pour une raison politique ou religieuse.

Selon les représentants, Aaron Alexis souffrait de plusieurs problèmes de santé mentale, incluant de la paranoïa et des troubles du sommeil, et entendait des voix. Il était soigné depuis le mois d'août par le département américain des Vétérans. La marine ne l'avait toutefois pas déclaré inapte, ce qui aurait eu pour résultat d'annuler l'habilitation de sécurité qu'il avait obtenue lorsqu'il était réserviste.

Converti au bouddhisme et sujet à des explosions de rage, Alexis était un Afro-américain ayant grandi à New York, mais dont le dernier lieu de résidence connu se trouve à Fort Worth, au Texas. Il se plaignait souvent de la marine et affirmait avoir été victime de discrimination. Le trentenaire a également eu des ennuis avec la police en lien avec des incidents impliquant des armes à feu survenus en 2004 et en 2010 au Texas et à Seattle. Il a aussi reçu une contravention pour inconduite à la suite de son expulsion d'une boîte de nuit à Atlanta en 2008.

En raison de sa propension à l'insubordination, son comportement discutable et son absentéisme, Aaron Alexis a reçu son congé de l'armée en 2011 après avoir travaillé pendant quatre ans à temps complet comme réserviste. Durant son service, il a également réparé les systèmes électriques d'avions à Fort Worth.

En plus des 12 personnes tuées, huit autres ont été blessées, dont trois par balles. Leur vie n'est toutefois pas en danger.

Débat sur les armes à feu

La fusillade pousse par ailleurs des élus favorables au renforcement des lois sur la vente d'armes à feu à monter au créneau. 

«Le Congrès doit arrêter d'esquiver ses responsabilités et poursuivre un débat réfléchi sur la violence due aux armes à feu dans ce pays», a déclaré la sénatrice démocrate Dianne Feinstein, auteure d'une proposition de loi contre les armes semi-automatiques.

Une réforme des lois encadrant les armes à feu aux États-Unis, déjà enterrée en avril, ne semblait pourtant pas près mardi de revenir en tête de l'ordre du jour politique.

«Nous allons nous y atteler aussi vite que possible, mais il faut d'abord que nous ayons assez de voix», a déclaré Harry Reid, chef de la majorité démocrate du Sénat, où un projet de réforme a été rejeté de peu le 17 avril. «J'espère que nous en aurons assez, mais aujourd'hui nous ne les avons pas.»

Après la fusillade meurtrière de l'école Sandy Hook à Newtown, au Connecticut, en décembre 2012, le président Barack Obama et ses alliés démocrates avaient porté une réforme ambitieuse des lois sur les armes, qui aurait notamment rendu obligatoires les contrôles d'identité et d'antécédents judiciaires et psychiatriques avant l'achat de toute arme.

Mais ils s'étaient heurtés à la résistance inflexible de la plupart des républicains, et du lobby des armes. Il avait au total manqué cinq voix, sur 100, pour que le projet survive au Sénat, pourtant à majorité démocrate.

- Avec Associated Press