Les ruines du World Trade Center étaient encore fumantes lorsque Michael Bloomberg, fondateur d'un empire médiatique et néophyte de la politique, a décroché son premier mandat à la mairie de New York. Douze ans plus tard, la Grosse Pomme a retrouvé son lustre, mais elle doit trouver un successeur à son maire milliardaire, qui ne peut solliciter un quatrième mandat. Elle y parviendra à l'issue d'un processus électoral relativement complexe, dont la première étape aura lieu aujourd'hui. Explications et mise en contexte.

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Les étapes électorales

Les électeurs démocrates et républicains de New York participeront aujourd'hui à des primaires pour choisir le candidat de leur parti respectif à la mairie. Si l'un des candidats en lice devance ses rivaux avec 40% ou plus des voix, il représentera son parti à l'occasion du scrutin final du 5 novembre.

Si personne n'atteint ce seuil, un deuxième tour sera tenu le 1er octobre entre les deux candidats ayant récolté le plus de voix dans leur primaire respective.

Les électeurs inscrits sur les listes électorales à titre d'indépendants ne peuvent participer aux primaires démocrates ou républicaines.

Les experts prédisent que moins de 800 000 électeurs démocrates iront aux urnes demain (sur un total de 2,68 millions d'électeurs démocrates admissibles). Le taux de participation devrait être beaucoup plus élevé à l'occasion de l'élection de novembre.

Les candidats démocrates

Sept candidats démocrates tentent de mettre un terme à la disette qui a écarté leur parti de la mairie de New York depuis 1993, année de l'élection du républicain Rudolph Giuliani.

La primaire démocrate se joue principalement entre trois candidats: Christine Quinn, présidente du conseil municipal de New York et héritière présomptive de Michael Bloomberg, qui veut devenir la première femme (et la première lesbienne) à être élue à la mairie de la ville; Bill Thompson, ex-contrôleur financier de la Ville et candidat malheureux à la mairie en 2005, qui pourrait devenir le deuxième maire noir de New York après David Dinkins, élu en 1989; Bill de Blasio, l'anti-Bloomberg, qui occupe depuis 2009 le poste de public advocate, sorte de protecteur des citoyens auprès de l'administration municipale. De Blasio a créé la surprise récemment en prenant la tête dans les sondages.

Les candidats républicains

Dans une ville comptant six électeurs démocrates pour un républicain, les candidats républicains à la mairie de New York ont longtemps été désavantagés.

Les succès électoraux de Rudolph Giuliani et Michael Bloomberg constituent cependant une source d'espoir pour Joe Lotha et John Catsimatidis, deux des trois candidats républicains en lice.

Lotha a été président de l'Autorité métropolitaine de transport après avoir occupé des postes-clés au sein de l'administration Giuliani. Catsimatidis est un homme d'affaires milliardaire qui possède notamment une chaîne d'alimentation (Gristedes).

Lotha devrait remporter facilement la primaire républicaine.

Les enjeux principaux

Chez les démocrates comme chez les républicains, le dossier de la sécurité publique a occupé une place centrale dans la course à la mairie.

Tous les candidats démocrates ont promis d'éliminer ou de réformer la méthode du stop-and-frisk, qui permet à un policier de contrôler, palper et fouiller toute personne "raisonnablement" soupçonnée d'avoir commis ou d'être sur le point de commettre un crime. Jugée inconstitutionnelle et discriminatoire par une juge fédérale le mois dernier, cette pratique a été défendue par les candidats républicains, qui y voient la clé de la réduction de la criminalité à New York.

Autre question chaudement débattue: les inégalités économiques, qui se sont accentuées durant l'ère Bloomberg, selon Bill de Blasio, dont c'est le principal cheval de bataille.

Les réformes du maire Bloomberg en matière d'éducation font aussi l'objet d'un débat vigoureux.

New York en chiffres

8,3 millions: nombre d'habitants

70 milliards: budget de la Ville en 2013

2 milliards: trou budgétaire à combler en 2014

46%: pourcentage de la population vivant sous le seuil de la pauvreté ou près de celui-ci, selon les critères de la Ville

52 millions: nombre de touristes en 2012

414: nombre de meurtres en 2012, soit cinq fois moins qu'en 1990