Le Yéménite Ramzi ben al-Chaïba, l'un des cinq accusés du 11-Septembre, a quitté la salle du tribunal, mardi à Guantanamo, se plaignant d'être privé de nourriture avant chaque audience, une forme de «torture psychologique» selon lui.

L'accusé, le seul à être présent mardi pour cette semaine d'audiences préliminaires, a déclaré, à la reprise des débats en début d'après-midi: «Je ne peux pas rester là (...) il y a beaucoup de problèmes avec la nourriture, c'est tous les jours pareil».

Le Yéménite a expliqué, en arabe, traduit par un interprète, que ce «problème revenait tous les jours» et qu'il avait tenté d'en parler avec un officier mais que celui-ci était parti, selon la retransmission de l'audience en circuit fermé sur la base militaire de Fort Meade, près de Washington.

C'est «une forme de torture psychologique» qui ne «me concerne pas seulement moi, mais aussi mes frères», a ajouté l'accusé, vêtu d'une tunique blanche et d'une coiffe traditionnelles.

Le porte-parole de la prison, Robert Durand, a réagi en marge de l'audience, affirmant que «l'accusé s'était vu offrir le repas halal classique des détenus, fraîchement préparé», mais qu'il s'était «plaint que son déjeuner ne comporte pas de condiments comme des olives ou du miel».

L'avocat du détenu, Jim Harrington, a indiqué à l'audience que son client «sentait que les conditions étaient rendues de plus en plus intolérables pour lui».

Interrogé par le juge militaire, James Pohl, pour savoir s'il voulait quitter «volontairement» la salle du tribunal, l'accusé a répondu «oui» en anglais et a été raccompagné au camp 7, où il est détenu au secret avec une quinzaine de prisonniers de «grande valeur».

«C'est une affaire sans-précédent dans l'histoire américaine, sur la manière dont ils sont traités», a renchéri son autre avocat, Kevin Bogucki, alors que l'audience se poursuivait en l'absence des cinq accusés, dont quatre avaient indiqué le matin qu'ils ne souhaitaient pas assister aux débats.

L'avocat militaire a évoqué la «frustration» de son client, dont la cellule est soumise à des «bruits et des vibrations, l'empêchant de se concentrer ou de dormir».

Le procureur en chef, le général Mark Martins, a estimé que rien n'étayait ces allégations.

Les conditions de détention des cinq accusés au camp 7 seront l'objet d'un prochain recours de la défense. Un porte-parole du Pentagone avait précisé lundi que «le gouvernement américain prenait très sérieusement son devoir de fournir des conditions de soins et de détention humaines, conformes aux Conventions de Genève».

Le régime carcéral des cinq hommes est l'objet de toutes les attentions, après leur détention au secret dans une prison de la CIA, où certains ont été soumis à des méthodes d'interrogatoire assimilées à de la torture.

La veille, un autre accusé, Moustapha El-Houssaoui, qui portait une minerve, s'était plaint de «douleurs au cou», tandis que son co-inculpé Wallid Ben Attach «ne se sentait pas bien» et réclamait un médecin, selon leurs avocats.

Ils encourent la peine de mort pour le meurtre de 2976 personnes, lors des attentats perpétrés contre les États-Unis le 11 septembre 2001.

Dans une requête qui sera examinée cette semaine par le juge Pohl, le gouvernement américain a demandé une accélération des procédures préliminaires, afin que le procès proprement dit puisse débuter en septembre 2014.