Le gouvernement américain s'est montré impatient, lundi, d'accélérer les audiences préliminaires contre les cinq accusés des attentats du 11 septembre 2001, qui ont redémarré pour la semaine sur la base navale de Guantanamo à Cuba.

«Je veux que les choses avancent cette semaine», a déclaré devant le tribunal militaire le chef des procureurs, le général Mark Martins, en présence des cinq accusés.

La barbe teinte au henné, et revêtu d'une tenue de camouflage, Khaled Cheikh Mohammed, le cerveau autoproclamé du 11-Septembre, comparaît, aux côtés de ses quatre co-accusés, depuis mai 2012 devant un tribunal de Guantanamo, après que d'autres procédures devant les justices militaire et civile ont été interrompues depuis 2001. Ils encourent la peine de mort pour le meurtre de 2976 personnes.

Dans une requête qui sera examinée cette semaine par le juge James Pohl, le gouvernement américain a demandé une accélération des procédures préliminaires, afin que le procès proprement dit puisse débuter en septembre 2014.

L'avocat Walter Ruiz a invoqué les «douleurs du cou» de son client Moustapha El-Houssaoui, qui portait une minerve lundi, sous sa coiffe traditionnelle, pour réclamer qu'il soit dispensé d'audience et examiné par un médecin. Cheryl Bormann, l'avocate de Wallid Ben Attach, a ensuite demandé une suspension d'audience, car son client «ne se sentait pas bien».

Ces audiences préliminaires sont destinées à préparer le procès, et, notamment, à examiner les requêtes de la défense qui tente d'obtenir des circonstances atténuantes pour leurs clients incarcérés et soumis à des techniques d'interrogatoire assimilées à de la torture dans des prisons secrètes de la CIA.

Mais le rythme des audiences a pris du retard en raison d'intempéries ou de problèmes de retransmission sur la base dans cette enclave reculée de Cuba.

«Notre capacité à agir en tant qu'avocats avec nos clients» est mise à mal par des problèmes d'internet, a déclaré à l'audience David Nevin, l'avocat de M. Mohammed. «Nous ne pouvons pas travailler correctement sur les éléments à charge», a-t-il ajouté, selon la retransmission en quasi direct de l'audience sur la base de Fort Meade, près de Washington.

«S'il vous plaît, entendez nos difficultés», a imploré Cheryl Bormann, l'avocate de Wallid Ben Attach. «La situation s'est dégradée», a-t-elle ajouté, en demandant au juge d'examiner en priorité une requête sur les problèmes de communication entre les avocats et leurs clients, qui ne figure pas à l'agenda de la semaine.

«Nous sommes autorisés à être tenus au courant, dans les cas de peine de mort», a encore insisté Me Nevin. «Quand cela prendra-t-il fin?» a répondu le juge James Pohl.

«Beaucoup de travail a déjà été fait», a protesté le procureur Martins, en requérant que l'on «tienne le calendrier» et «que l'on prenne en considération» seulement la liste des requêtes de la semaine.

Dans sa requête pour «fixer une date de procès», le gouvernement demande au juge d'écluser les dossiers en suspens afin que le procès débute le 22 septembre 2014.

Il propose un calendrier, estimant que «la pratique actuelle de cinq jours toutes les six semaines conduira à des procédures inutilement prolongées et qui ne servent pas l'intérêt de la justice».

Dans une déclaration, dimanche soir, le général Martins a précisé que le gouvernement avait déjà fourni 185 000 pages de documents par accusé à la défense.

Dans leur réponse, les avocats ont estimé que 80% des documents fournis concernent les attentats et non ceux traitant des conditions de détention des accusés dans une prison de la CIA. «Rien ne justifie de fixer une date butoir et des restrictions artificielles», écrit l'avocat James Connell.