Les États-Unis ont exhorté vendredi l'Égypte à ne pas recourir à «la force létale» contre des manifestants non violents, en pleine escalade dans ce pays où les forces de l'ordre ont le feu vert pour tirer sur les protestataires.

«Nous avons dit clairement que les Égyptiens ont le droit universel de se rassembler et de s'exprimer librement, y compris lors de manifestations pacifiques», a écrit la porte-parole du département d'État Jennifer Psaki dans un courrier électronique adressé à l'AFP.

La diplomatie américaine «exhorte une nouvelle fois toutes les parties à mettre un terme à la violence», a martelé Mme Psaki, relevant que «le gouvernement avait une responsabilité particulière pour assurer un climat propice afin que les Égyptiens puissent exercer dans le calme leurs droits universels».

La responsable américaine a également prévenu que «la force létale ne devait pas être utilisée contre des manifestants pacifiques». Elle a fait toutefois état «d'informations selon lesquelles certains manifestants avaient recours à la violence».

Des violences entre partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi, mobilisés par milliers, et forces de l'ordre ont fait au moins 70 morts vendredi en Égypte, avec des quartiers entiers transformés en champs de bataille.

Le pouvoir mis en place par l'armée après la destitution le 3 juillet de M. Morsi affirme désormais se battre contre un «complot terroriste malveillant des Frères musulmans», la confrérie de l'ex-président, et a autorisé ses hommes à ouvrir le feu sur les manifestants.

Face à cette escalade, qui fait craindre que le pays --sous état d'urgence et où un couvre-feu nocturne est imposé-- ne bascule dans le chaos, les dirigeants des principaux pays européens ont entamé des consultations pour tenter de définir une position de l'UE commune.

Les États-Unis «demeurent activement et étroitement engagés avec (leurs) partenaires européens», a assuré la porte-parole du ministère.

Le président Barack Obama avait annoncé jeudi l'annulation de manoeuvres militaires avec l'Égypte pour sanctionner la répression sanglante de manifestations par l'armée, mais il n'est pas allé jusqu'à couper l'assistance militaire à cet allié des États-Unis. Cette prudence et les atermoiements de la politique étrangère américaine sur le conflit égyptien sont vivement critiqués par la presse et des parlementaires républicains.