Le représentant républicain de New York, Peter King, ne se souvient pas d'avoir reçu des informations plus précises sur une menace d'attentats d'Al-Qaïda.

«Il y a très peu de doute que quelque chose de sérieux est planifié. Je reçois régulièrement des briefings depuis au moins sept ou huit ans sinon plus et c'est [le briefing] le plus précis dont j'ai eu connaissance», a-t-il déclaré vendredi lors d'une interview accordée à CNN, tout en avouant ne pas connaître la cible présumée des terroristes.

Son collègue démocrate du Maryland, Dutch Ruppersberger, a fait entendre le même son de cloche lors d'une rencontre avec des journalistes vendredi: «Nous avons de bons renseignements, et pas seulement le bavardage habituel, sur une attaque possible contre des Américains ou nos alliés.»

Les représentants King et Ruppersberger ont fait ces déclarations le jour où le département d'État américain a diffusé un avis de prudence à l'intention de tous ses ressortissants de par le monde. La veille, il avait déjà annoncé la fermeture de plusieurs ambassades, dont celles d'Abou Dhabi, du Caire et de Bagdad, pour au moins une journée, celle d'hier, pour des raisons de sécurité.

Le département d'État a évoqué «des attentats potentiels dans les transports et d'autres infrastructures touristiques».

De son côté, dans un article publié en ligne vendredi soir, le New York Times a affirmé que l'Agence nationale de sécurité (NSA) avait intercepté des communications électroniques entre d'importants cadres d'Al-Qaïda qui discutaient d'attaques contre les intérêts américains au Moyen-Orient, en Afrique du Sud et dans «la péninsule arabique».

À la demande de la NSA, le Times a accepté de ne pas publier certains détails concernant les communications électroniques interceptées.

Au moment d'écrire ces lignes, il n'y avait aucune raison de croire que les représentants King et Ruppersberger, de même que le New York Times, aient contribué à exagérer cette menace d'attentats terroristes. Mais force est d'admettre que les interceptions de communications entre cadres d'Al-Qaïda, si elles ont bel et bien eu lieu, tombent à point pour la NSA et l'administration Obama.

Depuis jeudi dernier, le spectre du terrorisme éclipse les nouvelles concernant l'ancien consultant de la NSA Edward Snowden, les nouvelles révélations de ce dernier sur les programmes de surveillance de l'agence de renseignement et la suspicion grandissante du Congrès à leur égard.

Vingt-quatre heures avant l'alerte du département d'État, le sénateur démocrate du Vermont Patrick Leahy avait notamment accusé les responsables de l'administration Obama d'avoir exagéré l'efficacité du programme de collecte de métadonnées téléphoniques de la NSA.

«Si ce programme n'est pas efficace, on doit y mettre fin», a-t-il déclaré lors d'une audition des responsables du renseignement et de la justice devant la Commission judiciaire du Sénat dont il est le président. «Jusqu'ici, ce que j'ai vu ne m'a pas convaincu», a-t-il ajouté.

Fin mai, le directeur de la NSA, le général Keith Alexander, avait affirmé que les données brutes téléphoniques collectées par son agence avaient permis à son agence de faire échec à 12 complots terroristes sur le territoire américain.

Menace prise au sérieux

Pour le moment, aucun parlementaire américain n'a mis en question la crédibilité des informations de la NSA sur la menace d'attentats terroristes au Moyen-Orient. Celle-ci est prise d'autant plus au sérieux que le successeur d'Oussama ben Laden à la tête d'Al-Qaïda, Ayman Al-Zawahiri, a appelé jeudi dernier sur des forums djihadistes ses disciples à attaquer les intérêts des États-Unis en représailles de leurs actions dans le monde musulman et leurs attaques de drones au Yémen.

Vingt-quatre heures plus tard, il a accusé les Américains d'avoir «comploté» avec l'armée égyptienne et la minorité chrétienne copte pour faire tomber le président islamiste Mohamed Morsi.

Dans un tel contexte, plusieurs Américains seront sans doute rassurés d'apprendre que la NSA continue à déployer ses grandes oreilles pour assurer leur sécurité. D'autres ne se départiront cependant jamais de leur scepticisme quant à cette agence d'espionnage qui se bat ces jours-ci pour la survie de ses programmes les plus secrets.