L'ex-parrain de la mafia irlandaise de Boston James «Whitey» Bulger, 83 ans, a refusé de témoigner vendredi à son procès pour 19 meurtres, extorsion, blanchiment et trafic d'armes, le qualifiant de «farce».

Interrogé par la juge Denise Casper sur cette décision, Bulger a expliqué qu'il ne témoignerait pas parce qu'on l'empêchait de donner la véritable version des faits qui lui sont reprochés. L'ex-parrain assure en effet que des agents fédéraux lui avaient promis l'immunité contre toute poursuite - une ligne de défense qualifiée tout au long du procès de fantaisiste par l'accusation et rejetée dans des audiences préliminaires par la juge.

«Je fais ce choix involontairement, parce que j'ai le sentiment que ma parole a été étouffée», a lancé Bulger à la juge. «Ce procès est injuste, c'est une farce». «Faites ce que vous voulez de moi», a-t-il conclu, agressif.

Le choix de l'accusé de ne pas s'exprimer a déçu les observateurs de ce procès très attendu, entamé il y a plus un mois et demi, qui attendaient avec impatience d'entendre sa version des faits. Lundi auront lieu les plaidoiries avant que le jury ne commence à délibérer.

S'il a assuré avoir obtenu la garantie d'une immunité, Bulger a en revanche fermement nié au cours de son procès avoir jamais été un informateur du FBI - ce qu'assure l'accusation, selon laquelle «Whitey» aurait ainsi agi entre 1975 et 1990 pour protéger ses affaires et faire tomber des gangs rivaux.

Un total de 32 chefs d'inculpation étaient retenus contre Bulger qui a plaidé non coupable.

Disparu fin 1994, Bulger avait été arrêté en Californie en juin 2011, où il vivait depuis des années sous un faux nom avec sa compagne Catherine Greig. L'ex-parrain de la pègre bostonienne, qui avait commencé sa «carrière» à 14 ans, a inspiré le personnage incarné par Jack Nicholson dans le film The Departed de Martin Scorsese, et de nombreux livres lui sont consacrés.

Son procès a notamment été marqué par la mort - toujours inexpliquée - de Stephen Rakes, 59 ans, dont le corps a été découvert le 18 juillet à Lincoln, près de Boston. Rakes comptait raconter à la barre comment Bulger l'aurait racketté dans les années 1980, lorsqu'il tenait un magasin d'alcool, à Boston. Mais l'accusation avait finalement décidé récemment de ne pas le faire témoigner parce que sa version des faits ne collait pas avec celle d'un autre témoin.