Les États-Unis ont décidé de rapatrier dans leur pays deux Algériens détenus à la prison militaire de Guantanamo sur l'île de Cuba, a annoncé vendredi la Maison-Blanche.

«Le département de la Défense a signifié au Congrès son intention de rapatrier deux détenus supplémentaires (de Guantanamo) vers l'Algérie», a précisé le porte-parole du président Barack Obama, Jay Carney, dans un communiqué.

M. Carney a souligné que l'administration avait pris cette décision «en consultation avec le Congrès, et d'une façon responsable qui protège notre sécurité nationale».

L'administration n'a pas communiqué dans l'immédiat les noms des détenus concernés. Au moins 12 Algériens détenus à Guantanamo ont déjà été renvoyés dans leur pays.

De son côté, le porte-parole du Pentagone, George Little, a souligné que «ces derniers mois, une équipe de très hauts responsables a examiné de très près cette question» avant que le secrétaire à la Défense Chuck Hagel ne donne son feu vert.

Un autre porte-parole du département de la Défense a expliqué que «le transfèrement aura lieu lorsque toutes les conditions nécessaires auront été réunies». «Nous ne parlerons pas des accords diplomatiques sensibles liés au transfèrement», a ajouté Todd Breasseale.

Le dernier transfèrement en date d'un détenu de Guantanamo remonte à la fin septembre 2012, quand le Canadien Omar Khadr avait été renvoyé dans son pays.

Sur les 166 détenus de Guantanamo, 86 -dont 56 Yéménites- ont été désignés comme transférables dans leur pays d'origine par les administrations des présidents George W. Bush et Obama. Quelque 46 autres sont en détention illimitée, sans inculpation ni procès faute de preuves, mais jugés trop dangereux pour être libérés.

La prison militaire est en outre le théâtre d'une grève de la faim de détenus, déclenchée au début de l'année. Au 23 juillet, 73 détenus refusaient de s'alimenter, dont 46 étaient nourris de force, selon l'armée américaine.

L'annonce du prochain transfèrement des deux détenus algériens intervient alors que M. Obama doit justement discuter jeudi prochain de Guantanamo avec son homologue yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi à la Maison-Blanche.

M. Obama avait annoncé le 23 mai qu'il allait lever le moratoire sur le transfèrement vers le Yémen de détenus de Guantanamo, tout en prévenant que les dossiers de ces prisonniers feraient l'objet d'un examen «au cas par cas».

M. Obama promet depuis sa première campagne présidentielle, en 2008, de fermer la prison hébergeant les détenus de la «guerre contre le terrorisme» lancée dans la foulée du 11-Septembre. Mais cet engagement maintes fois répété, dont encore une fois vendredi par M. Carney, a été contrecarré par le Congrès.

Les élus ont en effet inscrit dans la loi dès décembre 2010 l'interdiction de facto de tout transfèrement de détenus de Guantanamo sur le sol américain.

Le retour dans leurs pays d'origine est en outre soumis à des conditions drastiques, le pays d'accueil devant être capable de garder le contrôle sur les ex-détenus et de les empêcher de s'engager dans des activités extrémistes.