Le président américain Barack Obama va lancer cette semaine une nouvelle offensive de terrain pour faire pression sur le Congrès en faveur de la classe moyenne, a annoncé dimanche la Maison-Blanche.

Sommets sino-américains et du G8, tournées latino-américaine, européenne et africaine: M. Obama s'est beaucoup consacré à la politique étrangère ces deux derniers mois, pendant que la Maison Blanche se retrouvait sur la défensive dans des controverses comme la surveillance des communications, le ciblage d'organisations conservatrices par le fisc ou l'attentat de Benghazi (Libye).

Six mois après avoir entamé son second mandat, le président démocrate n'a toujours pas étoffé son bilan législatif, subissant notamment l'échec de mesures renforçant l'encadrement de la circulation des armes à feu et l'incapacité d'un Congrès divisé à s'entendre sur les grands équilibres budgétaires. Le Sénat vient d'approuver une réforme de l'immigration appelée de ses voeux par M. Obama, mais son avenir semble incertain à la Chambre, contrôlée par les républicains.

C'est dans ce contexte que la présidence a dit vouloir concentrer à nouveau son attention sur l'économie. «Le président pense que Washington a en grande partie quitté des yeux la question la plus importante à laquelle ce pays doit faire face», a affirmé dimanche soir l'un des proches conseillers de M. Obama, Dan Pfeiffer, dans un courrier électronique.

«Au lieu de parler de la façon d'aider la classe moyenne, trop de gens au Congrès essaient de marquer des points, de rejouer de vieilles batailles et de s'emparer de faux scandales», a-t-il déploré en révélant que M. Obama allait prononcer mercredi un discours consacré à l'économie dans une université de son ancien fief de l'Illinois où, tout juste élu sénateur, il avait déjà évoqué ce thème en 2005.

Il s'agira de la première de plusieurs adresses qui «mentionneront le socle de la classe moyenne», a ajouté M. Pfeiffer: «la sécurité de l'emploi, une bonne formation, un foyer à soi, des soins médicaux abordables et l'opportunité de mettre de l'argent de côté pour sa retraite».

Le conseiller a promis «de nouvelles idées et de nouveaux efforts pour faire adopter des idées dont (M. Obama) a déjà parlé». Le président évoquera «les mesures que le Congrès peut voter, des mesures qu'il prendra unilatéralement, et d'autres que le secteur privé peut entreprendre», a-t-il dit, sans plus de précisions dans l'immédiat.

La Maison Blanche fait valoir que 7,2 millions d'emplois ont été créés dans le secteur privé en trois ans et demi, mais le taux de chômage officiel reste encore de 7,6%, contre 5% début 2008. La défense de la classe moyenne comme moteur de l'économie a été l'un des thèmes centraux de la campagne électorale victorieuse de M. Obama en 2012.

M. Obama est coutumier des déplacements pour défendre sa vision de l'économie, notamment dans la foulée des discours annuels sur l'état de l'Union. En 2011, avant le début de sa campagne de réélection, il s'était aussi lancé dans une tournée pour défendre un «plan pour l'emploi» qui n'avait jamais été adopté par le Congrès, mais lui avait donné l'occasion de labourer des États-clé dans la perspective de la présidentielle.

De fait, le retour de M. Obama sur le terrain intervient alors que les élus du Congrès commencent à porter leur attention aux législatives du mi-mandat, en novembre 2014. L'ensemble des représentants et le tiers des sénateurs remettent leurs sièges en jeu et le président espère faire retomber la Chambre dans l'escarcelle démocrate pour retrouver davantage de marge de manoeuvre.