L'ancien chef de la CIA à Milan, condamné en 2003 en Italie pour l'enlèvement d'un imam égyptien et arrêté au Panama, était «en route ou de retour aux États-Unis» vendredi, a affirmé une porte-parole du département d'État américain Marie Harf.

Mme Harf s'est refusée à toute précision sur les circonstances du retour de Robert Lady alors que la ministre de la Justice italienne Anna Maria Cancellieri, a signé jeudi une requête de placement en détention provisoire, première étape vers la formulation d'une demande d'extradition.

«D'après mes informations, il est effectivement soit en route, soit de retour aux États-Unis. Je n'ai pas d'autres détails», a-t-elle répondu à une question sur le sort de M. Lady.

Les circonstances et la date de son arrestation au Panama n'ont pas été précisées, de même que les circonstances de sa remise en liberté.

L'ancien chef de station de la CIA est réclamé par les autorités italiennes qui l'accusent d'être responsable de l'enlèvement en 2003 d'un imam égyptien, Abou Omar, membre de l'opposition islamiste radicale, qui bénéficiait de l'asile politique en Italie. L'imam avait ensuite été transféré en Égypte où il affirme avoir été torturé.

Dans cette affaire, la Cour d'appel de Milan avait confirmé en décembre 2010 des peines allant de sept ans à neuf ans de prison pour 23 agents, la plus lourde étant infligée à Robert Lady, surnommé «Mister Bob», âgé aujourd'hui de 59 ans.

Ces peines, prononcées alors que tous les accusés étaient en fuite, avaient été confirmées en septembre 2012 par la Cour de cassation.

Abou Omar, de son vrai nom Osama Hassan Nasr, avait été enlevé dans une rue de Milan le 17 février 2003 au cours d'une opération coordonnée entre le SISMI (services de renseignement militaire italiens), et la CIA, puis transféré en Égypte. Ses avocats affirment qu'il a été torturé dans la prison de haute sécurité où il était détenu en Égypte et avaient réclamé 10 millions d'euros (13,6 millions de dollars) de dommages et intérêts.

La CIA à cette époque sous-traitait les interrogatoires de personnes soupçonnées de terrorisme à des pays connus pour pratiquer la torture ou gérait elle-même des lieux de détention secrète pour ces personnes, notamment en Pologne et en Thaïlande.

Les responsables des services de renseignements italiens avaient pour leur part été acquittés en première instance, décision confirmée en appel. Mais suite à un arrêt de la Cour de cassation, ils doivent être rejugés.

Le 5 avril dernier, le président Giorgio Napolitano avait concédé la grâce à Joseph Romano, responsable de la base américaine d'Aviano d'où l'avion transférant l'imam vers son pays était parti. Cette décision, au bénéfice de l'unique militaire du Pentagone et de l'OTAN condamné dans cette affaire, avait été saluée par les États-Unis.

Après les condamnations en première instance en novembre 2009, les États-Unis s'étaient déclarés «déçus», tandis qu'Amnistie Internationale avait salué «un pas en avant».