La Cour suprême des États-Unis a donné une victoire partielle et temporaire aux opposants de la discrimination positive à l'université en renvoyant devant la justice inférieure l'appel d'une étudiante blanche qui s'était plainte d'avoir été refusée en raison de la couleur de sa peau.

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Après huit mois de délibérations et dans une décision très attendue, les huit juges saisis ont adopté une solution de compromis sans jugement catégorique, préférant laisser le soin à une cour d'appel du Texas de revoir sa copie.

La Cour d'appel du 5e circuit avait donné raison à l'université du Texas en estimant que la jeune fille blanche, Abigail Fisher, n'avait pas été discriminée par une politique de quotas favorisant l'accès des minorités raciales à l'université, lorsque son inscription avait été refusée.

Mais, par un vote à sept juges contre un, la haute Cour a annulé cette décision et a renvoyé le dossier devant cette cour inférieure avec la consigne de «regarder si l'Université avait apporté suffisamment d'éléments pour prouver que son programme d'admission était conçu de façon à ce que la diversité serve les intérêts de l'éducation».

La Cour d'appel «doit s'assurer qu'aucune autre (politique) neutre au niveau racial ne soit réalisable», a écrit le juge Anthony Kennedy pour la majorité de la Cour.

«Il faut encore que la justice détermine si le système d'admission (à l'université) est appliqué de manière légitime», a-t-il encore déclaré.

En attendant un nouvel arrêt de la Cour d'appel, la Cour suprême accorde ainsi une victoire temporaire aux opposants de la discrimination positive à l'université, sans pour autant revenir sur sa décision de 2003 «Grutter contre Bollinger» en vertu de laquelle les quotas raciaux ne violent pas la Constitution.

Elle rappelle que «la diversité du corps étudiant est un principe fondateur de l'État qui peut justifier le recours à la race dans les admissions à l'université» mais ajoute que «la race ne peut être considérée tant que les procédures d'admission ne sont pas passés au crible».

«C'est une victoire pour les principes d'égalité des chances, de la diversité et de l'équité», a estimé la puissante organisation de défense des gens de couleur NAACP, mais «la Cour marque un accroc, en renforçant les critères auxquels les universités doivent répondre et en exigeant qu'elles prouvent qu'il n'y a pas d'autre alternative possible».

«Il sera crucial que les voix des étudiants --les plus affectés par cette politique-- soient entendues», ajoute le NAACP dans un communiqué.

Le ministre de la Justice Eric Holder s'est félicité de cette décision qui reconnaît «le principe fondateur du gouvernement d'assurer la diversité dans l'éducation supérieure. L'intérêt pour l'éducation de la diversité est crucial pour l'avenir de ce pays», a dit ce haut responsable afro-américain de l'administration Obama.

«Comme la Cour l'a reconnu à plusieurs reprises, l'inscription diversifiée d'étudiants favorise la compréhension, aide à casser les stéréotypes raciaux, aide les étudiants à mieux comprendre les gens de différentes races et prépare tous les étudiants à réussir et finalement à conduire une main d'oeuvre et une société de plus en plus diversifiées», a-t-il ajouté.

La juge progressiste Elena Kagan s'était récusée en raison d'un conflit d'intérêt dans cette affaire lié à ses précédentes fonctions. Sa consoeur Ruth Ginsburg, également nommée par un président démocrate, a voté contre.

Le juge ultraconservateur Clarence Thomas a précisé qu'il aurait pour sa part renversé la décision de 2003 estimant que l'utilisation de la race comme critère d'admission dans l'éducation supérieure était «catégoriquement» anticonstitutionnelle.

La haute Cour avait entendu l'affaire le 10 octobre 2012.