Le gouvernement américain a demandé mercredi à Guantanamo que les accusés pour les événements du 11-Septembre soient exclus des audiences portant sur l'examen d'éléments classifiés lors de leur procès, s'attirant les foudres de leurs défenseurs.

Au troisième jour de cette audience préliminaire retransmise sur la base militaire de Fort-Meade, près de Washington, Khaled Cheikh Mohammed - surnommé «KSM» en raison de ses initiales en anglais -, vêtu de sa veste de camouflage et portant une épaisse barbe teinte en roux, et ses quatre présumés complices, habillés de tenues et de coiffes traditionnelles afghanes, ont répondu présent, après avoir boycotté les débats la veille.

«Parce que c'est une affaire de peine capitale, nous nous opposons à ce que M. Mohammed soit exclu de cette procédure à un moment ou à un autre», a déclaré fermement son avocat David Nevin.

Le gouvernement «cherchant à avoir l'aval du tribunal pour les tuer à la fin des procédures, ils (les accusés) sont par essence autorisés à assister à tout ce qui les concerne, y compris ce qui est classifié», a-t-il lancé.

«Ce dont nous parlons ici, c'est de torture: M. Mohammed a le droit d'être présent quand nous abordons ce qui a trait aux tortures» qu'il a subies, a-t-il dit.

La procureure Joanna Baltes a invoqué la législation en vigueur pour demander au juge d'interdire aux accusés d'assister aux sessions à huis clos, où les nombreux éléments classifiés de ce dossier seront abordés. Le juge James Pohl rendra sa décision ultérieurement.

Les cinq accusés ont été détenus secrètement dans des prisons de la CIA de 2002 à 2006, date de leur transfert à Guantanamo. Ils y ont subi des interrogatoires musclés, parfois sous la torture.

L'avocate Cheryl Bormann, vêtue d'une abaya noire en raison de la présence des accusés, a elle aussi estimé que les cinq hommes «avaient le droit d'être présents, [...] Nous perdrions toute légitimité si les accusés étaient exclus de ce qui concerne leur dossier».

L'ancien commandant de la prison de Guantanamo, l'amiral David Woods, avait été auparavant interrogé sur le contrôle du courrier entre les détenus et leurs avocats.

Il a expliqué qu'il n'avait pas établi de règles sur la manière dont les gardiens militaires devaient passer en revue le courrier entre les accusés et leurs défenseurs. Il a été établi précédemment qu'il était saisi, surveillé et estampillé par la censure.

L'audience, prévue pour durer jusqu'à vendredi, vise à préparer un procès dont la date n'a pas été fixée. Les cinq hommes encourent la peine de mort pour le meurtre de près de 3000 personnes le 11 septembre 2001.