Les amateurs de métaphore visuelle ont été bien servis hier après-midi au début d'une conférence de presse tenue dans la roseraie de la Maison-Blanche. Tout juste comme Barack Obama s'apprêtait à répondre à la première question, il s'est mis à pleuvoir, comme pour rappeler la pluie de scandales qui s'abat sur le président depuis le début de la semaine.

Flanqué du premier ministre turc, Tayyip Erdogan, le chef d'État américain a poursuivi sa contre-offensive pour reprendre la main quant à trois affaires qui le fragilisent: le ciblage de groupes conservateurs par les services fiscaux américains (IRS); la saisie secrète de relevés téléphoniques de l'agence Associated Press par le ministère de la Justice; et l'attaque contre la mission diplomatique de Benghazi, en Libye.

Barack Obama a d'abord appelé le Congrès à renforcer la sécurité des ambassades américaines.

«Nous devons nous unir et honorer véritablement les sacrifices» des quatre Américains tués à Benghazi, a-t-il déclaré.

100 pages de courriels

La veille, le président américain avait donné le feu vert à la publication de 100 pages de courriels illustrant les échanges au sein du gouvernement après l'attentat de Benghazi, le 11 septembre 2012. Il voulait ainsi répondre aux républicains qui accusent la Maison-Blanche d'avoir voulu cacher l'implication d'islamistes radicaux dans cette attaque.

Barack Obama est également revenu sur les deux nouvelles affaires qui plombent son administration. Dès sa première réponse, il a exprimé son «entière confiance» en Eric Holder, son ministre de la Justice, qui a invoqué la sécurité nationale pour justifier la saisie des relevés téléphoniques de l'AP.

Une question de sécurité nationale

Cette action faisait suite à la publication d'un article de l'agence sur une opération de la CIA au Yémen qui a empêché au printemps 2012 un complot d'Al-Qaïda visant à faire exploser une bombe dans un avion se dirigeant vers les États-Unis. Le patron de l'AP et d'autres défenseurs des médias ont vu dans la saisie une attaque troublante contre la liberté de presse.

Mais le président américain a défendu hier l'action de son gouvernement. «Des fuites liées à des questions de sécurité nationale peuvent mettre en danger des vies humaines», a-t-il dit, en parlant des militaires et des agents de renseignements présents dans des pays étrangers.

Au lendemain du limogeage du chef par intérim de l'IRS, Barack Obama a par ailleurs juré qu'il ne savait rien du ciblage de groupes proches du Tea Party et du mouvement «patriote» par des fonctionnaires de l'IRS.

«Je vous l'assure: à l'instant où je l'ai appris, j'ai mis toute mon énergie pour faire en sorte que ce problème soit réglé», a-t-il déclaré.

Quelques heures plus tard, la Maison-Blanche a annoncé la nomination de Daniel Werfel, conseiller de la Maison-Blanche en matière budgétaire, comme directeur par intérim de l'IRS.

Les républicains ne se satisferont pas de ces déclarations et de ces changements. Ils s'intéressent en particulier au ciblage de groupes conservateurs par l'IRS, y voyant une illustration parfaite de l'«arrogance remarquable» de l'administration Obama, pour reprendre les mots utilisés hier par le président de la Chambre des représentants, John Boehner.