Le président Barack Obama a annoncé mercredi le limogeage du chef par intérim du fisc américain, conséquence de l'affaire du ciblage indu de groupes politiques conservateurs par des agents de cette administration.

Se déclarant «en colère», M. Obama a révélé lors d'une courte intervention en début de soirée à la Maison Blanche que son secrétaire au Trésor Jack Lew avait demandé et obtenu le départ le directeur par intérim de l'IRS (Internal Revenue Service), Steven Miller. Il a aussi promis des réformes pour éviter la réédition d'une telle affaire.

M. Obama «s'attend à ce que les gens rendent des comptes s'ils ont eu un comportement qui n'était pas convenable», avait rappelé son porte-parole Jay Carney, plus tôt dans la journée, alors que le président républicain de la Chambre a dit vouloir que les responsables de tels agissements soient condamnés à de la prison ferme.

Ce mercredi, le ministre de la Justice Eric Holder, qui a annoncé une enquête pour déterminer si la loi avait été enfreinte dans cette affaire, passait sur le gril au Congrès. Il a appelé les élus à attendre les résultats de l'investigation mais promis que des «procédures criminelles» seraient engagées le cas échéant.

Le président «s'attend à ce que le département du Trésor et que l'IRS (Internal Revenue Service, le fisc américain, NDLR) prennent toutes les mesures nécessaires pour faire en sorte que ce genre de chose ne se reproduise pas», a souligné M. Carney pendant son point de presse quotidien.

Le dirigeant «rencontrera aujourd'hui (mercredi) des responsables du Trésor pour parler des prochaines mesures dont il espère qu'elles seront prises (...) pour faire en sorte que les gens répondent de leurs actes», a encore dit le porte-parole.

Mardi soir, M. Obama avait dit vouloir que les personnels de l'administration fiscale à l'origine du ciblage de groupes politiques conservateurs «rendent des comptes» en raison de leur comportement «intolérable et inexcusable».

«Le gouvernement fédéral doit se conduire de manière à ce que le public ait confiance en lui, et c'est spécialement vrai pour l'IRS», avait-il dit.

«L'IRS doit appliquer la loi de manière juste et impartiale, et ses employés doivent agir avec une intégrité irréprochable», avait ajouté M. Obama, soulignant que «certains employés n'ont pas passé ce test».

«Qui va aller en prison»?

Il commentait un rapport de l'inspecteur général des services fiscaux qui avait confirmé mardi que le fisc avait «utilisé des critères inappropriés» pour déclencher des procédures d'examen approfondi envers des organisations liées à la mouvance d'ultra-droite Tea Party.

Pour profiter d'un régime fiscal de non-imposition traditionnellement réservé aux associations caritatives, et qui leur permet de ne pas révéler le nom de leurs donateurs, de nombreux groupes conservateurs ont, à partir de 2009, déposé des demandes auprès de l'IRS. Les organisations politiques n'ont pas le droit d'en profiter, mais ces associations disent vouloir «informer» le public sur la Constitution ou le budget.

Le fisc avait reconnu vendredi, en présentant ses excuses, que des dizaines d'entre elles avaient été sélectionnées pour un examen approfondi, alors que les groupes de gauche, beaucoup moins nombreux, ne semblent pas avoir fait l'objet du même ciblage.

L'annonce a déclenché la fureur des conservateurs qui se font l'écho depuis un an du «harcèlement» du fisc, et dénoncent ces tentatives d'intimidation politique de la part de l'administration de Barack Obama, par ailleurs déjà sur la défensive dans l'affaire de l'attentat de Benghazi et des saisies de relevés téléphoniques de l'agence Associated Press.

Les dirigeants de l'IRS ont assuré à l'inspecteur que le choix de ces critères «n'avait été influencé par aucune personne ni aucune organisation à l'extérieur de l'IRS», exonérant donc a priori l'exécutif démocrate.

Cela n'a pas empêché le président de la Chambre des représentants, John Boehner, de lier cette affaire à ce qu'il a qualifié de «culture de la pourriture et de l'abus» dans l'administration Obama.

«Je ne me demande pas qui va démissionner, je me demande qui va aller en prison à cause de ce scandale», a ajouté le chef républicain.