Le président américain Barack Obama a affirmé mardi qu'il allait redoubler d'efforts pour obtenir la fermeture de la prison de Guantanamo, où un nombre croissant de détenus sont en grève de la faim, reprenant une vieille promesse de campagne torpillée par le Congrès.

La pression s'est accrue ces dernières semaines sur le président pour qu'il ferme cette prison où 166 détenus sont toujours enfermés.

Un mouvement de grève de la faim, entré dans sa 12e semaine, ne cesse de s'étendre et touche aujourd'hui 100 prisonniers, selon le bilan officiel de la prison, et 130 selon les avocats.

Parmi eux, 21 prisonniers sont alimentés par des sondes nasogastriques et l'US Navy a dû dépêcher du personnel médical en renfort sur la base.

«Je ne veux pas que ces personnes meurent. Le Pentagone essaie de gérer la situation du mieux qu'il peut, mais je pense que nous devrions tous réfléchir à pourquoi nous faisons cela», a affirmé Barack Obama lors d'une conférence de presse.

«Ce n'est pas une surprise pour moi si nous avons des problèmes à Guantanamo», a ajouté le président qui dit continuer «à croire qu'il faut fermer Guantanamo».

«C'est important pour nous de comprendre que Guantanamo n'est pas nécessaire pour la sécurité de l'Amérique. Cela coûte cher. C'est inefficace», a-t-il asséné.

Sans compter que cela affecte l'image des États-Unis, «entrave la coopération antiterroriste» et constitue un «outil de recrutement pour les extrémistes», selon le président.

La prison militaire implantée à Cuba accueille depuis 2002 les «ennemis combattants» de la guerre contre le terrorisme déclarée par George W. Bush. Dès sa prise de fonction le 20 janvier 2009, Barack Obama avait ordonné sa fermeture, mais, face à l'opposition du Congrès, avait dû faire machine arrière.

«Facile de jouer les démagogues»

En janvier, il a dû se résoudre à promulguer une loi qui renouvelle l'interdiction de financer le transfert des détenus de Guantanamo à l'étranger, mais aussi aux États-Unis, pour y être jugés ou incarcérés, éloignant encore la perspective d'une fermeture.

Quelque 55 détenus ont été déclarés «libérables» par les autorités américaines. Seuls neuf des 779 prisonniers passés par la prison ont été condamnés ou traduits en justice.

«Je vais à nouveau discuter avec le Congrès et plaider que ce n'est pas quelque chose qui est dans le meilleur intérêt du peuple américain», a lancé le président américain, prédisant que la situation allait «empirer».

«C'est facile de jouer les démagogues sur cette question», a-t-il ajouté, dans une pique aux républicains vent debout contre la fermeture de la prison.

Les auteurs des tentatives d'attentat en 2010 à Times Square, à New York, ou contre un avion de ligne à destination de Detroit en 2009 ont bien été jugés et sont incarcérés dans des prisons de haute sécurité sur le territoire américain, a-t-il fait remarquer.

«Le président Obama a raison. Guantanamo ne rend pas le pays plus sûr et constitue un problème qui va continuer de pourrir si on n'y répond pas», s'est félicité Daphne Eviatar, de Human Rights First.

Qualifiant l'appel du président Obama d'«encourageant après un long silence», Laura Pitter, de Human Rights Watch, a souligné que M. Obama a beau «blâmer le Congrès», «il y a des actions qu'il aurait pu prendre et peut encore prendre pour mettre fin à la détention illimitée là-bas».

Le Centre de défense des droits constitutionnels (CCR) a exigé des «mesures immédiates pour fermer Guantanamo», estimant que «si le Congrès lui a attaché une main dans le dos, Obama s'est lui-même attaché l'autre» en imposant un moratoire sur le transfert de détenus yéménites.

Pour Anthony Romero, directeur de l'Union américaine de défense des libertés (ACLU), le président Obama doit nommer un haut responsable à la Maison-Blanche et ordonner au ministre de la Défense de «commencer à confirmer le transfert des détenus qui ont reçu le feu vert» des autorités.