Des traces de ricine, une substance toxique, ont été trouvées dans la salle d'arts martiaux appartenant à un homme soupçonné d'avoir voulu envoyer des lettres empoisonnées à Barack Obama, ainsi qu'à un sénateur et un juge, a annoncé le FBI mardi.

James Everett Dutschke, âgé d'une quarantaine d'années, avait été interpellé la semaine dernière à son domicile de Tupelo, dans le Mississippi (sud). C'était la deuxième arrestation dans cette affaire qui avait causé l'émoi dans un pays sous le choc du double attentat de Boston, le 15 avril, peu avant la révélation de ces envois empoisonnés.

Le premier homme arrêté, Paul Kevin Curtis, aurait été victime d'un complot manigancé par Dutschke, les deux hommes étant selon le FBI dans une «relation conflictuelle».

Le 22 avril, s'étant aperçus de la machination contre Curtis, des agents du FBI ont pris Dutschke en filature alors qu'il regagnait son dojo et y récupérait un masque, des gants en latex et un moulin à café, qui aurait pu également servir à moudre des graines de ricin. Il a ensuite jeté ces objets par la fenêtre de son véhicule, quelques dizaines de mètres plus loin.

Le FBI a récupéré les objets dans la poubelle, puis les ordures déposées devant le domicile du suspect, où des traces de ricine ont été découvertes, tout comme dans la bouche d'égout du dojo, indiquent les documents de la police.

Selon l'enquête, James Dutschke a aussi réinitialisé son ordinateur le 22 avril, un geste qui pourrait être une tentative de dissimuler toute trace de ses recherches précédentes.

Mais le suspect avait déjà été arrêté en janvier par la police dans une affaire de pédophilie, et son ordinateur avait été alors fouillé: des recherches montraient qu'il s'était renseigné sur l'usage de la ricine le 31 décembre.

Dutschke avait aussi commandé sur internet 100 graines de ricin en novembre et décembre, un nombre «plus que suffisant pour extraire les quantités de ricine trouvées dans les trois lettres», selon un agent du FBI.

James Everett Dutschke, 41 ans, avait été interpellé «sans incident» à son domicile de Tupelo, dans le Mississippi, aux alentours d'une heure du matin le 27 avril, par des agents du FBI, a précisé à l'AFP l'agence fédérale.

Ce professeur d'arts martiaux est accusé d'avoir «produit», «acquis» «conservé» et «envoyé un agent biologique toxique pour l'utiliser en tant qu'arme», selon un communiqué de la procureure du district nord du Mississippi, Felicia Adams.

Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité et une amende de 250 000 dollars.

Sa première comparution devant un juge est programmée pour lundi matin au tribunal fédéral d'Oxford (Mississippi), ajoute le communiqué.

Trois lettres empoisonnées, contenant de la ricine, le poison le plus violent du règne végétal, avaient été découvertes la semaine dernière avant de parvenir à leurs destinataires.

Les lettres étaient adressées au président Barack Obama, au sénateur républicain du Mississippi Roger Wicker, et à une juge de ce même État, Sadie Holland.

La révélation de ces envois, peu après le double attentat commis en marge du marathon de Boston, avait provoqué un vif émoi aux États-Unis.

Les autorités avaient rapidement arrêté un premier suspect mais celui-ci a finalement été mis hors de cause et relâché mardi.

Le premier suspect, Paul Kevin Curtis, avait été incriminé car les trois courriers faisaient référence aux mêmes «pièces manquantes» et étaient signés de «KC», alors que Curtis écrivait un livre appelé «Pièces manquantes» sur un prétendu marché noir des organes humains, qu'il accusait le gouvernement de couvrir.

C'est Curtis qui avait mis la police sur la piste de Dutschke, qui avait semble-t-il un différend de longue date avec sa famille.