Le chef du Pentagone Chuck Hagel et le plus haut gradé américain ont refusé mercredi de répondre à une question de sénateurs sur l'utilisation ou non d'armes chimiques en Syrie, semant le doute sur leur éventuel emploi, qui constituerait une «ligne rouge» pour Washington.

«Nos agences de renseignement sont plus en mesure de dire ce que nous savons et ce que nous ne savons pas (...). Je crois que cela doit être abordé lors d'auditions à huis clos», a répondu le secrétaire à la Défense, interrogé par un sénateur lors d'une audition devant la commission des Forces armées.

À son tour interrogé par le sénateur John McCain sur l'utilisation d'armes chimiques par le régime de Bachar al-Assad, le chef d'état-major interarmées, le général Martin Dempsey, a pour sa part évoqué les «éléments parus dans la presse».

«Je ne peux rien dire de plus pendant cette audition», a-t-il ajouté.

Le refus des deux plus hauts responsables de la défense américaine contraste avec les inquiétudes évoquées lundi par le chef de la diplomatie britannique, William Hague.

«Le Royaume-Uni est de plus en plus préoccupé par le fait qu'il y ait des preuves de l'utilisation d'armes chimiques en Syrie. Ces allégations doivent être examinées d'urgence», a dit M. Hague.

La semaine passée, des diplomates à l'ONU ont confié sous le couvert de l'anonymat que les pays occidentaux avaient des «preuves solides» que des armes chimiques avaient été utilisées au moins une fois dans le conflit syrien.

La position officielle de l'administration Obama reste la même, ont réaffirmé MM. Hagel et Dempsey: «si (le président syrien Bachar al-)Assad et ceux sous son commandement ont recours aux armes chimiques ou manquent à leurs obligations de les sécuriser, il y aura des conséquences et ils seront tenus pour responsables», selon M. Hagel.

Mais les deux hommes n'ont pas caché le peu d'appétit des États-Unis à s'immiscer plus avant dans le conflit.

Le ministre américain a tout juste annoncé avoir ordonné le renforcement du dispositif militaire en Jordanie, pour entraîner l'armée jordanienne et intervenir le cas échéant pour sécuriser les stocks d'armes chimiques par des militaires d'état-major.