Le FBI n'avait encore mardi soir ni revendication, ni motif, ni suspect après le double attentat qui a endeuillé lundi le marathon de Boston et l'Amérique toute entière, un acte terroriste qualifié d'«odieux et lâche» par le président Obama.

Dans un pays traumatisé, dont les télévisions ont consacré une grande partie de la journée à repasser les images des victimes ensanglantées, Barack Obama a annoncé qu'il se rendrait jeudi dans la capitale du Massachusetts pour une cérémonie religieuse oécuménique en souvenir des victimes.

«A ce stade, il n'y a pas de revendication», a déclaré lors d'une conférence de presse en fin d'après-midi le responsable du FBI Rick DesLauriers.

«L'éventail des suspects et des motivations possibles reste largement ouvert», a-t-il ajouté.

Sur les lieux du carnage, les enquêteurs ont retrouvé «des morceaux de nylon noir qui pourraient avoir été un sac à dos et des fragments de plomb et clous, peut-être contenus dans une cocotte minute», a-t-il précisé.

Et il a appelé une nouvelle fois les Bostoniens à communiquer aux enquêteurs toute information, même apparemment anodine, mais qui pourrait aider une enquête qui mobilise désormais selon lui plus de 1000 personnes.

«Quelqu'un sait qui a fait ça», a-t-il insisté.

L'enquête est menée «méthodiquement, soigneusement», mais elle n'en est «qu'à ses débuts», a-t-il souligné.

Trois personnes ont été tuées lundi, un petit garçon de 8 ans, un étudiant et une femme de 29 ans. Au moins 176 ont été blessées, certaines très grièvement, lorsque deux bombes ont explosé à 12 secondes d'intervalle, près de la ligne d'arrivée du célèbre marathon de Boston, couru par 23 000 personnes.

Les explosions ont provoqué panique et chaos en centre-ville, où étaient rassemblés des centaines de milliers de personnes pour ce qui est traditionnellement une grande fête populaire annuelle.

Les médecins ont fait état de profondes blessures, en raison des clous et fragments ajoutés aux bombes pour multiplier leur impact.

Une dizaine de blessés ont du être amputés.

Les attentats de Boston sont les plus graves commis aux États-Unis depuis ceux du 11-Septembre en 2001, et s'exprimant depuis la Maison-Blanche pour la deuxième fois en moins de 24 heures, le président Barack Obama a dénoncé un «acte terroriste (...) odieux et lâche», tout en précisant que les autorités ne savaient pas encore s'il s'agissait de terrorisme international ou intérieur.

«Nous ne savons pas encore (...) qui a commis cet attentat ou pourquoi, s'il a été planifié et exécuté par une organisation terroriste, étrangère ou américaine, ou si c'était l'acte d'un individu».

Militants hostiles au gouvernement ou jihadistes?

Les attentats ont-ils été commis par des militants hostiles au gouvernement fédéral, pour lesquels le mois d'avril est un mois lourd de symboles? Par des jihadistes islamistes?

«Nous devons évidemment envisager que ce soit le jihad islamiste», a commenté Peter King, Représentant de New York spécialiste des affaires de sécurité intérieure. «Mais cela peut aussi être des suprémacistes blancs. Cela peut être des gens opposés au gouvernement» fédéral, a-t-il ajouté.

Lundi était la journée des «patriotes», qui marque la première bataille de la guerre d'indépendance, un jour férié dans le Massachusetts, l'État dont Boston est la capitale.

Le 15 avril est la date limite pour déclarer ses impôts, obligation haïe de ceux qui détestent le gouvernement fédéral.

Le 19 est la date anniversaire de la fin du siège de Waco (Texas, 76 morts en 1993), après intervention des forces de l'ordre. Et c'est aussi le 19 avril qu'avait eu lieu l'attentat d'Oklahoma City (168 morts) en 1995, perpétré par Timothy McVeigh, un sympathisant d'extrême-droite depuis exécuté, qui était hostile au gouvernement fédéral et qui voulait ainsi venger Waco.

Le travail qui attend les enquêteurs est colossal. Ils ont commencé à étudier le contenu de toutes les caméras de surveillance, de tous les débris laissés par les bombes. Et ils ont demandé aux Bostoniens de leur transmettre «toute photo ou vidéo» qui pourrait aider l'enquête.

«Il s'agira d'une enquête mondiale. Nous irons jusqu'au bout du monde pour identifier l'auteur ou les auteurs de ce crime ignoble» a déclaré mardi matin M. DesLauriers.

Il a précisé en fin d'après-midi que les enquêteurs avaient déjà reçu plus de 2000 informations à la mi-journée.

De la ricine, un poison, a par ailleurs été détectée par les autorités dans une lettre envoyée au sénateur républicain Roger Wicker à Washington, a indiqué mardi un collaborateur du chef des démocrates du Sénat. Le poison a été détecté lors d'une inspection de routine du courrier dans un bâtiment distinct du Capitole, et la lettre en question n'a pas atteint le bureau du sénateur Wicker.

Boston traumatisée, mais confortée par la générosité de multiples gestes d'entraide, s'apprêtait mardi soir à rendre hommage aux victimes, à l'occasion d'une dizaine de veillées.

L'une d'elle rendra hommage à la plus jeune des victimes, un petit Bostonien de 8 ans, Martin Richard, tué peu après être allé embrasser son père Bill sur la ligne d'arrivée du marathon. Sa petite soeur et sa mère ont également été blessées.