Le fil d'arrivée du 117e marathon de Boston s'est rapidement transformé, lundi après-midi, en une véritable scène d'horreur. Vers 14h50, deux bombes ont explosé à deux endroits différents rue Boylston. Trois personnes sont mortes, dont un garçon de 8 ans. Selon un bilan provisoire, au moins 170 personnes, coureurs et spectateurs, ont été blessées, dont certaines gravement.

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Après les déflagrations, qui sont survenues à 13 secondes d'intervalle, un épais nuage de fumée noire a envahi les environs. Dans la rue et sur les trottoirs gisaient plusieurs personnes. Certaines avaient perdu des membres, le plus souvent leurs jambes.

«Je n'ai jamais vu autant de voitures du FBI, d'ambulances, de policiers. C'était l'enfer», a dit à La Presse Lise Proulx, 56 ans. Tout comme elle, Catherine Morin, 40 ans, faisait partie des 355 Québécois à avoir participé au marathon.

«Je marchais sur le trottoir quand on a entendu l'explosion. Tout le monde s'est regardé. Puis, les gens se sont mis à courir, a-t-elle expliqué. Heureusement, comme c'était un marathon, il y avait déjà plein de tentes avec du personnel médical prêt à aider. Ils ont évacué les lieux très vite.»

Une fois le périmètre de sécurité établi, les autorités ont trouvé deux autres engins explosifs de l'autre côté du fil d'arrivée, rapportait en début de soirée l'Associated Press. Ils étaient situés près de Copley Square, où se trouvaient notamment  les tentes des effectifs médicaux.

Lors d'un point de presse à la Maison-Blanche, le président des États-Unis, Barack Obama, n'a pas confirmé si les attentats étaient considérés comme «terroristes» par son administration. Cette décision lui a valu des critiques de la droite américaine.

Questionné par les journalistes à savoir si les explosions de l'après-midi relevaient du terrorisme, le commissaire de la police de Boston, Edward Davis, a répondu: «Cette thèse n'est toujours pas confirmée à ce moment-ci, mais vous pouvez répondre à cette question par vous-même en fondant votre jugement sur ce que vous avez vu aujourd'hui.»

Le président Obama a rappelé lors de son point de presse que les explosions avaient eu lieu lors de la journée des Patriotes, fêtée au Massachusetts. Ces célébrations commémorent les premières batailles de la révolution américaine.

«Cette journée célèbre le caractère libre et foncièrement indépendant de la ville de Boston, ce qu'elle a toujours été depuis les premiers jours de notre nation, a dit M. Obama. Nous irons au fond des choses. Nous trouverons qui a fait ça, et pourquoi.»

Les enquêteurs ont interrogé plusieurs individus, don un jeune citoyen saoudien, relativement aux explosions, selon des informations obtenues par le New York Times. Ils ont cependant affirmé n'avoir procédé à aucune arrestation, même si le ressortissant saoudien demeure sous surveillance policière dans un hôpital de Boston.

En début de soirée, un semblant de calme était revenu au centre-ville de Boston, où la circulation automobile était interdite. Un imposant dispositif de sécurité avait été déployé par la police, la Garde nationale du Massachusetts et la police fédérale pour éloigner les curieux des endroits où il y avait eu des explosions.

Plusieurs marathoniens et spectateurs circulaient encore autour de Copley Square, accordant des entrevues aux journalistes. Muralidhar Nannapaneni se trouvait parmi eux avec sa nièce, qui a échappé de justesse à la première explosion après avoir décidé d'aller aux toilettes.

«Elle et ma soeur m'attendaient à la ligne d'arrivée. Je n'étais plus qu'à un demi-kilomètre de la fin», a affirmé le médecin indien de 43 ans, qui en était à son 25e marathon et à son premier marathon de Boston. «Si elles n'étaient pas allées aux toilettes, elles auraient été blessées et peut-être tuées. Courir le marathon de Boston était mon rêve. Mon rêve s'est transformé en tragédie», a-t-il ajouté.

Si le calme est tranquillement revenu sur la ville, la terreur qui a assailli les participants et les spectateurs du marathon n'est pas près de s'estomper.

Le comédien Éric Hoziel était encore sous l'émotion, près de quatre heures après l'événement, lorsqu'il s'est confié à La Presse. «Je venais de compléter [ma course] et ma famille se trouvait où a eu lieu l'explosion 30 minutes avant que je termine», dit ce père de deux enfants âgés de 11 et 9 ans.

«Je ne sais pas comment je vais faire pour expliquer l'événement à mes enfants. Je pense que je vais leur dire la vérité. Et, surtout, leur dire que ce sont des choses qui arrivent. Mais, en même temps, que c'est exceptionnel dans une vie», pense-t-il.

- Avec Hugo Pilon-Larose

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